Une effraction toutes les 3 minutes

Entre juillet 2008 et juin 2009, les vols avec effraction à domicile ont bondi de 10 % par rapport aux 12 mois précédents. - -
Comme chaque année, les vacances d'été sont une période sensible pour les cambriolages. Et d'autant plus cette année, puisque ces 12 derniers mois, les vols avec effraction à domicile ont bondi de 10 %, selon l'Observatoire national de la délinquance (OND) : plus de 162 000 habitations principales ont été « visitées » par des voleurs entre juillet 2008 et juin dernier. Soit une effraction toutes les trois minutes. Pourtant, l'OND souligne que depuis 2002, les cambriolages avaient globalement baissé de 35 %. Une chute due aux alarmes de plus en plus sophistiquées, à la montée en puissance des sociétés de surveillance et à l'amélioration des blindages. Comment expliquer alors ce revirement ?
« Les cambrioleurs optent pour des moyens lourds »
Plus de cambriolages. Et surtout, un nouveau « style » d'effraction. Les cambrioleurs auraient tendance à « sortir l'artillerie lourde ». C'est en tous cas ce qu'explique Jean-Claude Vézinet, professeur à l'université Assas Paris 2, expert auprès des assurances : « Les moyens fins, la chirurgie c'est terminé. Il y a quelques années, je constatais que les canons des serrures étaient ouverts avec des forceurs ou des parapluies, et des fois il fallait même confier l'examen d'une serrure à un expert auprès de la Cour d'appel, pour savoir s'il y avait vraiment eu forçage. Aujourd'hui il n'y a plus de doute, ce sont des moyens lourds : cric, pince monseigneur, barre à mine... Et hier j'étais chez un assuré qui avait eu ses deux portes en chêne complètement défoncées, et qui me disait : la prochaine génération, ce sera la roquette ! »
« Ils ont arraché le mur complet ! »
Fabrice habite une maison, dans un quartier isolé : « Mes voisins ont mis 2 fois plus que ce que l'assurance demandait : serrure trois points, volets renforcés et spittés [ndlr, fixés dans le béton à l'aide d'un perforateur] dans les murs... Les cambrioleurs ont arraché le mur complet ! Du coup, les réparations leur ont coûté une fortune et l'assurance ne marche pas plus pour ça. » Alors pour lui, « toutes ces protections, ces alarmes ne servent pas à grand-chose ; c'est plus pour faire marcher le commerce qu'autre chose. »
« 80% des cambriolages en plein jour »
Des moyens lourds donc, et bruyants. Pourtant, selon de récentes études, environ 55 % des cambriolages sont commis entre 14 et 17 heures, en plein jour. Un pourcentage « minoré » selon Jean-Claude Vézinet : « ce serait plutôt 80%. Les immeubles dans Paris à ces horaires, sont des déserts cynégétiques [ndlr, relatif à la chasse] : les mamans sont parties en course, les enfants sont à l'école, on travaille... il n'y a personne. C'est donc la période idéale pour ne pas se faire prendre. »