Seine-et-Marne: le félin recherché n'est pas un tigre

Le tigre a été aperçu pour la dernière fois aux abords d'un parking à Montévrain en Seine-et-Marne. - Julie Berdaux - AFP
La chasse au tigre n'en serait pas une finalement, mais plutôt une course au gros chat. L'animal traqué depuis jeudi matin ne serait pas un tigre mais un autre félin, selon plusieurs sources concordantes qui s'appuient sur les analyses des empreintes.
"Après une expertise menée par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) avec le concours du Parc des Félins, la présence d'un animal de l'espèce Tigre s'avère désormais exclue. Le félin (...) est toujours recherché", a expliqué la préfecture.
Pourquoi cette erreur d'appréciation? L'absence d'éléments de comparaison, sur la photo prise jeudi matin par une riveraine, pouvant permettre aux spécialistes de jauger la taille de la bête mais aussi une évaluation erronée des empreintes découvertes sur un terrain meuble et boueux près de l'endroit où le félin a été vu.
Un gros matou
La police et l'ONCFS sont allées plus loin, assurant désormais qu'il s'agit d'un félin inoffensif. "Il n'y a pas de gros félin, donc pas de dangerosité pour la population", a déclaré la chef de la direction départementale de la sécurité publique, Chantal Baccanini. "C'est entre le chat domestique et un félin plus gros", a renchéri Eric Hansen, responsable pour l'Ile-de-France de l'ONCFS, excluant aussi la piste du lynx.
"Il peut s'agir d'un gros chat domestique d'une dizaine de kilos, ou bien d'un petit félin, de 20 à 30 kilos", explique Eric Hansen. Selon l'ONFCS, le seul félin présent à l'état sauvage en Seine-et-Marne est le "chat forestier", un animal "inoffensif" qui ressemble à un gros matou.
De leur côté, les habitants étaient toujours appelés à la plus grande vigilance. Tentant d'adapter son dispositif aux déplacements du fauve, les autorités ont recommandé aux habitants de Ferrières-en-Brie d'éviter à leur tour de circuler à pied, les amateurs de jogging en forêt étant priés de laisser leurs baskets au placard
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Les recherches "allégées"
Du coup, les recherches, qui avaient repris vendredi sous une pluie battante, sont "allégées" avec un simple "dispositif de sécurité" en zone urbaine, a annoncé la police.
Vingt-quatre heures après que l'animal, dont l'origine reste mystérieuse, a été repéré près du parking d'un supermarché à Montévrain, les opérations de recherche ont repris vendredi matin au lever du jour, alors qu'un hélicoptère de la gendarmerie, équipé d'une caméra thermique, a survolé la zone toute la nuit. "Les battues terrestres ont repris à 7h00 avec le renfort de militaires. L'hélicoptère a tourné une partie de la nuit mais les recherches n'ont encore rien donné", a détaillé une source préfectorale.
Le périmètre défini par les autorités avait été élargi après la découverte d'une nouvelle empreinte. Des effectifs, notamment les policiers affectés devant les écoles de Montévrain vendredi matin pour assurer la sécurité des enfants, vont être déplacés pour "se rapprocher de cette zone".
L'animal a traversé l'autoroute
Vendredi matin, les enquêteurs ont repéré une trace de félin près d'une station-service de l'autoroute A4, à une dizaine de kilomètres de Montévrain, la commune où l'animal a été aperçu pour la dernière fois.
Cette trace "a été vue vers 6h30, 7 heures" par "un automobiliste qui circulait sur l'autoroute A4 à hauteur de la commune de Ferrières-en-Brie et se rendait à la station Total", a expliqué la préfecture de Seine-et-Marne. "L'automobiliste a contacté les autorités et des spécialistes qui se sont rendus sur place ont confirmé qu'il s'agissait bien d'une trace de félin", a-t-elle précisé.
40 à 50 km par jour parcourus
Ce qui inquiète désormais les autorités, c'est le trajet qu'a dû emprunter l'animal pour se rendre à proximité de cette station-service. Le félin "aurait traversé l'autoroute", s'est étonnée la préfecture. Bison Futé a signalé de son côté "la présence d'un animal errant", et requis "la plus grande prudence" aux automobilistes circulant sur cet axe.
D'autant que l'avancée de l'animal est impossible à prévoir. "Il peut faire 40 à 50 km par jour" mais aussi se planquer "tapi dans des fourrés" ou sur un arbre, puisqu'il peut dormir dix à quinze heures quotidiennement, souligne le directeur du cirque Pinder, Gilbert Edelstein.
D'autres affaires similaires
Cette affaire rappelle plusieurs précédents de fausses alertes en France. En août 2006, une "grosse bête noire" avait été vue sur la place de Wissant dans le Pas-de-Calais et recherchée en vain par environ 80 gendarmes et un hélicoptère. Vingt ans plus tôt, c'est au Touquet qu'on avait cherché sans succès un "gros félin noir", vu mais jamais trouvé.
En 2000, la Somme avait connu une alerte au tigre, avant que des analyses de poil ne concluent à un chat domestique en vadrouille.