Sculpture: de vrais faux Rodin de retour devant la justice

Le Musée Rodin à Paris le 12 novembre 2015 - BERTRAND GUAY, AFP/Archives
Contrefaçon industrielle ou simples tirages posthumes ? La cour d'appel de Paris juge à partir de ce mercredi une société et son gérant pour avoir fabriqué et vendu à l'étranger des œuvres produites à partir de moules originaux d'Auguste Rodin, sans l'autorisation du musée Rodin.
Quatre prévenus, dont Gary Snell, patron américain de la société Gruppo Mondiale, sont poursuivis pour avoir édité et commercialisé des œuvres du père du "Penseur", sans dire qu'il s'agissait de simples reproductions, à partir de plâtres vendus par la fonderie Rudier utilisée par l'artiste de son vivant.
La justice avait été saisie en mars 2001 d'une plainte pour escroquerie et contrefaçon du Musée Rodin de Paris qui détient les droits moraux de l'artiste.
1700 bronzes réalisés à partir de 52 œuvres d'Auguste Rodin
En novembre 2014, à l'issue d'un premier procès, le tribunal correctionnel de Paris s'était déclaré incompétent, estimant qu'il n'était pas démontré que les sculptures aient été fabriquées, exposées ou vendues sur le territoire français. Le parquet avait fait appel de cette décision et obtenu un nouveau procès.
La société poursuivie, Gruppo Mondiale, aurait produit, selon l'estimation d'un expert judiciaire, quelque 1700 bronzes tirés à partir de 52 oeuvres d'Auguste Rodin (1840-1917), pour un préjudice estimé à 60 millions d'euros. Lors du premier procès, Gary Snell n'avait reconnu que l'édition d'environ 500 pièces.
Parmi les merveilles reproduites: "Le Baiser", "Le Penseur" ou "La main de Dieu". Or ces œuvres, dont certaines ont été exposées à Venise, Genève ou Toronto comme des originaux, ne portaient pas la mention "reproduction".
Au contraire, au nom de la défense du "patrimoine national et universel", le parquet avait dénoncé une "publicité mensongère" et des contrefaçons portant "le cachet de Rodin", avec "un tirage numéroté et un certificat d'authenticité susceptibles de tromper les acheteurs".
La défense réclamait 68 millions d'euros de dommages et intérêts