A Drouot, une relique vendue comme contenant un fragment de la "vraie Croix"

La relique contenant des fragments réputés de la "vraie Croix" à droite de la page 35 du catalogue de la vente. - Catalogue de la vente - Etude Vincent Fraysse
Événement à Drouot ce 18 novembre. Au coeur d'un catalogue de vente, un objet intrigue : presque 36 centimètres pour 858 g d'argent et de vermeil "partiellement amati", une croix est présentée comme intégrant un fragment de la "Vraie Croix".
Selon l'étude, le poinçon "non identifié" daterait du 16e ou 17e siècle et indiquerait sans doute une origine bourguignonne. Comble du mystère, il est noté que sur cette croix staurothèque – plus simplement une relique censée renfermer des fragments de la croix sur laquelle serait mort le Christ – "les armoiries de l'évêque sont effacées".
Contacté par BFMTV.com, le commissaire-priseur Vincent Fraysse s'explique sur cet objet estimé entre 15.000 et 25.000 euros. Dans la description du lot 78 à la page 35 du catalogue de la vente judiciaire l'expression de "vraie Croix" est bien notée "entre guillemets", précise-t-il. L'utilisation des mots "croix appliquée d'un cœur contenant les reliques de la 'vraie Croix'", n'est donc qu'une expression.
Guillemets ou pas, pourquoi parler de "vraie Croix"?
A quoi rime donc la mention de "vraie Croix"? "C'est en cours de vérification auprès de l'Eglise catholique", lâche maître Fraysse. Il n'en dira pas davantage sur ce que cette "vérification" implique. "On vend un contenant, pas un contenu", insiste-t-il.
"Ce genre de croix, il en existe des milliers dans le monde", explique à BFMTV.com Odon Vallet, spécialiste de l'histoire des religions et des civilisations. Il est vrai que le descriptif de la vente stipule que "de nombreuses croix furent réalisées pour contenir les reliques de la vraie Croix". Pour l'historien, "il y a une chance sur un million qu'il s'agisse de la vraie". "Comme avec les épines de la couronne du Christ, on exploite la crédulité des gens. Il faudrait une expertise au carbone 14 pour la dater", poursuit-il.
Mais qu'est au juste devenue la "vraie Croix"? "Personne n'en sait rien", assène Odon Vallet. Notre méconnaissance des faits constitue l'unique certitude. De nombreuses légendes courent à son sujet. Le nom de "vraie Croix" désignerait un ensemble de reliques d'une croix découverte par sainte Hélène, mère de Constantin, le premier empereur romain converti au christianisme. Et l'expression est surtout utilisée depuis la réforme protestante pour sacraliser davantage l'objet.