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Société

Pour se faire entendre, les mouvements écologistes se "radicalisent"

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Pour interpeller l'opinion publique et les politiques sur la question environnementale, "il y a besoin de radicalité" et de "marquer les esprits", selon Clément Sénéchal, chargé de campagne à Greenpeace France.

"Radical." Un adjectif de plus en plus employé par les mouvements écologistes eux-mêmes pour qualifier leurs actions et le changement qu'ils souhaitent voir s'opérer dans la société. Alors que l'urgence climatique ne cesse de grandir, de nombreux mouvements et ONG entreprennent des actions de désobéissance civile de plus en plus radicales pour se faire entendre et interpeller l'opinion publique sur la question environnementale.

C'est notamment le cas de Greenpeace et de huit de ses militants qui s'étaient introduits, il y a deux ans maintenant, sur le site de la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle. Avec cette action, les activistes entendaient dénoncer la vulnérabilité des installations nucléaires françaises. Ils avaient alors assuré avoir tiré un feu d'artifice près du bâtiment abritant la piscine à combustibles. Deux des huit militants avaient été condamnés à de la prison ferme, une première. Leur procès en appel se tient ce mercredi.

"Aujourd'hui, il y a besoin de radicalité"

Présent mardi sur le site de la raffinerie de La Mède - où Greenpeace protestait contre l'utilisation d'huile de palme par Total - Clément Sénéchal, chargé de campagne forêt et climat de l'ONG, assure que ces actions non-violentes radicales sont nécessaires:

"Aujourd'hui il y a besoin de radicalité. Il y a besoin de marquer les esprits parce qu'on est dans une situation totalement aberrante ou on multiplie les beaux discours au niveau gouvernemental sur l'écologie. On agite des écrans de fumée en permanence parce que derrière, on voit bien que les actes ne sont pas au rendez vous", a déploré au micro de BFMTV l'activiste de Greenpeace lors du blocage de la raffinerie de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône.

Les militants écologistes estiment en effet ne pas être assez entendus dans un contexte où il est désormais impératif d'agir face à l'urgence climatique.

"Le pouvoir ne semble pas toujours donner une grande priorité à ces enjeux, en tout cas suffisamment. Et donc dans cette période de quasi vide politique, institutionnel, il faut bien que ça sorte", explique à BFMTV le sociologue Michel Wieviorka.

Une désobéissance civile mise en avant par Extinction Rébellion

L'action non-violente est aussi le credo d'Extinction Rébellion, qui se décrit lui-même sur son compte Twitter comme un "mouvement international de désobéissance civile non-violente pour opérer un changement radical afin de minimiser le risque d'effondrement écologique".

Le mouvement écologiste né à Londres et désormais implanté dans des dizaines de pays avait organisé une semaine de mobilisation intense dans de nombreuses grandes villes du monde, dont Paris, début octobre. Le but: marquer les esprits et alerter l'opinion publique sur le réchauffement climatique. 

Selon Extinction Rébellion, le temps n'est en effet plus aux discours mais bel et bien à l'action, comme l'explique Xavier Renou membre du collectif altermondialiste "Les désobéissants".

"Les militants du climat passent directement de la prise de conscience à la désobéissance civile, sans passer par des étapes qui sont la manifestation, la pétition."

Mais certaines actions de désobéissance civile écologistes non-violentes peuvent malheureusement coûter cher aux militants. Pour avoir pénétré dans la centrale nucléaire de Cattenom, les huit membres de Greenpeace jugés en appel ce mercredi encourent par exemple cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

Juliette Mitoyen