BFMTV
Société

Plus équilibrés, végétariens ou même végans: quand les enfants bousculent les repas des parents

Des enfants cuisinent (photo d'illustration).

Des enfants cuisinent (photo d'illustration). - PIXABAY

Dans certains foyers, ce sont les jeunes générations qui poussent à moins manger de viande, moins gaspiller ou se tourner vers d'autres types de régimes alimentaires.

Depuis que Camille milite pour le climat, évite le plastique, n'achète plus de vêtements neufs et a adopté un régime végétarien, ses parents ont eux aussi pris un virage écologique. "Ils mangent moins de viande et moins de poisson", témoigne pour BFMTV.com la jeune femme de 19 ans, étudiante parisienne en classe préparatoire lettres et sciences sociales.

Membre du mouvement citoyen Youth For Climate France, Camille évangélise au sein de sa famille. Elle a également converti son frère aîné au régime végétarien et convaincu sa sœur de ne plus acheter de vêtements neufs. Un tournant familial entamé dès ses années lycéennes.

"Comme je ne voulais plus manger d'animaux, on s'est tous mis à réfléchir à d'autres types de repas pour ne pas avoir à préparer deux menus différents."

Six foyers sur dix influencés par les enfants

Les parents de Camille ne sont pas les seuls à avoir modifié leurs habitudes alimentaires sous la pression de leur fille. Quelque 63% des foyers avec enfants ont en effet été influencés dans leurs pratiques alimentaires par leurs enfants, selon le bilan des comportements alimentaires des Français en 2021 réalisé par Ipsos pour l'Observatoire alimentation et familles de la Fondation Nestlé France. Pour un tiers des Français, il était question de manger plus équilibré et pour 24% de limiter le gaspillage alimentaire.

"D'après notre étude, on a aussi noté que 24% des Français sont influencés par leurs enfants pour tester de nouveaux ingrédients ou de nouvelles recettes", pointe pour BFMTV.com Laurence David, déléguée générale de la Fondation Nestlé France.

Un comportement nouveau, particulièrement depuis le confinement du printemps 2020. "Les familles ont passé plus de temps ensemble. Dans un tiers d'entre elles, les enfants se sont alors davantage investis dans la préparation des repas." Laurence David remarque ainsi que les enfants - et quel que soit leur âge - prennent aujourd'hui davantage part dans la préparation des menus. Et ont bel et bien un rôle de plus en plus influent dans les choix alimentaires des foyers.

"La transmission des savoirs culinaires qui se faisaient traditionnellement de manière générationnelle, des aînés vers les plus jeunes, est en train de muter. On observe une influence inversée."

Emballages, nutriscore et huile de palme

Camille Jedrzejak-Clouard, la directrice de l'école M, une école maternelle bilingue située dans le 19e arrondissement de Paris, le confirme. Elle a mené l'année dernière plusieurs projets autour de l'alimentation. "Les enfants y ont été très sensibles et très réceptifs", explique-t-elle à BFMTV.com.

L'association Foodwatch est ainsi intervenue dans son établissement scolaire pour sensibiliser sur la question des emballages, le Nutriscore - cet étiquetage nutrionnel des aliments - a également été décrypté avec les enfants, le problème des déchets a aussi été évoqué ainsi que l'huile de palme et les conséquences sur les orangs-outangs.

À tel point que la bonne parole a essaimé au sein des familles. "Les parents me disent qu'ils en discutent toujours à la maison avec leurs enfants", poursuit Camille Jedrzejak-Clouard.

"Ils me disent qu'ils regardent le Nutriscore ou scannent l'étiquette avec une application sur leur smartphone lorsqu'ils font leurs courses", poursuit Camille Jedrzejak-Clouard. "Souvent, quand les enfants découvrent quelque chose et que ça leur tient à cœur, ils s'investissent pleinement et ont envie de réinvestir ces nouvelles connaissances le plus possible."

Les enfants "vecteurs de bonnes pratiques"

Un point de vue que partage Laurence David, de la Fondation Nestlé France. "À terme, les enfants vont être vecteurs de bonnes pratiques", devine-t-elle. Une tendance que confirme Coralie Rasoahaingo, responsable plaidoyer au Reses, un réseau d'associations étudiantes qui mènent des projets en lien avec les enjeux écologiques et solidaires.

Les jeunes générations, notamment les étudiants, seraient ainsi de plus en plus nombreux à s'alimenter autrement. D'après la consultation nationale étudiante du réseau publiée en 2020, un peu plus de huit étudiants sur dix ont ainsi modifié leurs habitudes alimentaires. Près de la moitié pour manger moins de viande, autant pour favoriser des produits de saison et près de 40% pour des produits locaux.

"Les étudiants qui vivent encore chez leurs parents sont souvent les plus actifs pour initier des changements de consommation", assure Coralie Rasoahaingo.

Des familles devenues véganes

Certaines familles vont plus loin et, sous la pression de leurs enfants, se tournent vers le véganisme. "J'en croise souvent lorsqu'on organise des actions", assure à BFMTV.com Alexandra Blanc, fondatrice de l'association Vegan Impact. Des adolescents, lycéens et jeunes adultes qui embarquent leurs parents dans cette alimentation exclusivement végétale sans aucun produit issu de l'exploitation animale.

Mais si toutes ne deviennent pas 100% véganes, certaines essaient de trouver des alternatives compatibles avec les aspirations de leurs enfants. "Le plus souvent, les parents font l'effort de découvrir de nouveaux produits et de nouvelles façons de cuisiner."

Au-delà de l'alimentation, les parents de Camille - interrogée au début de l'article - qui habitent le Nord, ont même récemment refait l'isolation de leur logement pour réduire leur consommation d'énergie. "Je ne peux pas m'attribuer tous les mérites mais on a eu beaucoup de discussions", poursuit Camille. "Et comme ils voient que c'est quelque chose qui m'inquiète, ça les pousse à faire attention."

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV