Paris XVIIIe: un bidonville de 300 Roms et Roumains sous la menace d'une expulsion

Les 90 baraques de fortune ont été érigées à même le ballast, le long des rails de la petite ceinture, entre les portes des Poissonniers et de Clignancourt. Mais le bidonville pourrait à tout moment être évacué, en vertu d'une décision de justice.
Que vont devenir les 300 Roms et Roumains installés dans le bidonville qui court de la porte des Poissonniers jusqu'à celle de Clignancourt? Ils sont sous le coup d'une décision de justice et sont dès maintenant expulsables, rapporte Le Parisien. Le campement formé par 90 cabanes de fortune faites de bric et de broc, avec leur toit bâché maintenu par des planches et des pierres, présente des conditions de vie déplorables. Mais pour ces personnes chassées d'autres campements, tels ceux de Saint-Ouen et La Courneuve, il reste le seul refuge.
Commencé au début de l'été dernier, le bidonville qui longe le boulevard Ney, a été visé par une plainte de la SNCF, propriétaire des lieux.
Un projet de village durable à faire valoir
Avec l'association Batisseurs de cabanes et le soutien de plusieurs collectifs, dont RomParis, les habitants (400, selon RomParis) ont présenté un projet de construction d'une soixantaine d'habitations modulaires et déplaçables à volonté. Si la mairie de Paris voit plutôt d'un bon œil l'initiative, elle se trouve devant un dilemme. Sa priorité est de "sortir les gens du campement plutôt que de le consolider", précise la mairie au Parisien.
L'idéal serait de trouver un terrain où ces "maisonnettes sur roues ou au sol mais facilement démontables et transportables" pourraient être installées. L'idée serait que les Roms et Roumains participent à leur construction, ce qui aurait pour avantage de former professionnellement ceux qui doivent l'être.
Avant de trancher, la ville attend le retour d'expérience d'autres communes avant, dans une quinzaine de jours, d'arrêter sa position sur le sujet.
Les riverains mécontents
Si le campement est dissimulé à la vue des passants du boulevard Ney, quelques immeubles d'habitation de la rue Belliard en subissent les nuisances. Odeurs, fumées dues aux braseros et la cuisine en plein air, tapages nocturnes et mendicité devant les commerces du quartier sont évoqués. Quant au risque d'incendie, RomParis avance qu'il reste très limité car "la Ville a procuré des extincteurs".
Sur 20.000 Roms qui vivent en France, la moitié réside en Ile-de-France. En janvier, Le Monde relevait que 11.000 expulsions avaient été prononcées en 2015. Selon Philippe Grossens, responsable de la Ligue des droits de l'Homme, "80% des cas concernent des terrains publics".
En l'espèce, SNCF Réseau, née d'une fusion de Réseau ferré de France, SNCF Infra et de la Direction de la circulation ferroviaire, est propriétaire du terrain. Il s'agit d'un Etablissement à caractère public et commercial (EPIC). le collectif RomParis fait valoir que le gestionnaire a entamé une "procédure judiciaire en référé le 30 juin alors même que cette voie ferrée est désaffectée depuis un demi-siècle et qu'il n'existe aucun projet de réhabilitation".
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