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Société

Meurtre d'un jeune dans un hôtel social des Hauts-de-Seine: des professionnels dénoncent la politique du département

Un auto-stoppeur - image d'illustration

Un auto-stoppeur - image d'illustration - GERARD JULIEN / AFP

Des travailleurs sociaux dénoncent un manque d'effectifs et de structures et critiquent aussi la réorganisation de leurs services.

Plusieurs dizaines de travailleurs sociaux des Hauts-de-Seine se sont rassemblés vendredi pour dénoncer le manque de moyens et les réorganisations en cours dans le département, deux jours après le meurtre d'un jeune placé dans un hôtel social.

Éducatrices, psychologues, puéricultrices et assistants sociaux se sont rassemblés sur le parvis du pôle universitaire Léonard-de-Vinci à Courbevoie, dans lequel le conseil départemental se réunissait en séance plénière pour le vote du budget 2020.

"Dans le 92 le pôle solidarités est en solde, liquidation totale", pouvait-on lire sur un panneau et sur un autre: "Mineurs non-accompagnés dans le 92, c'est un terme approprié".

Le rassemblement était déjà prévu avant le drame

Ce rassemblement était prévu avant le drame survenu mercredi, mais l'évènement était au coeur des discussions. Vers 10 heures ce jour-là, un jeune de 15 ans placé dans un hôtel social par l'Aide sociale à l'enfance à Suresnes est soupçonné d'avoir frappé mortellement un autre jeune de 17 ans, lui aussi placé, avec un couteau. 

"Ca fait des années et des années qu'on alerte sur les choix qui sont faits dans ce département", s'est désolée une assistante sociale qui travaille dans le service qui était chargé des deux jeunes. "Il y a 15 jours, on a alerté à nouveau en disant qu'il allait y avoir un drame".

Manque d'effectifs et de structures

Des éducatrices, qui souhaitent rester anonyme, décrivent un manque d'effectifs et de structures, soulignant que le placement des enfants dans des hôtels, livrés à eux-mêmes, devrait rester une solution "temporaire".

"On ne peut plus suivre et faire notre coeur de métier au quotidien auprès des enfants comme c'était le cas avant, puisque toute la journée, on passe notre temps à essayer de bricoler en fonction des urgences", dit-elle.

Les travailleurs sociaux critiquent aussi une réorganisation de leurs services engagée depuis environ deux ans par le département, qui impose aux agents d'être "polyvalents". 

"Des conditions exécrables de travail"

"On a des conditions exécrables de travail. On est dans un cadre de restrictions budgétaires immenses alors que le conseil départemental fait tous les ans un demi-milliard d'excédents budgétaires", souligne Amar Yazid, secrétaire général CGT du conseil départemental.

A l'intérieur du bâtiment, avant l'ouverture de la séance, le président du département Patrick Devedjian a parlé d'une "tragédie", saluant le "professionnalisme" des travailleurs sociaux.

"Je tiens aussi à condamner toute exploitation politique qui pourrait être faite de ce tragique évènement", a-t-il ajouté.
A.J. avec AFP