La musicothérapie réduit la dépression des plus jeunes

Jeune guitariste à Barr, en juin 2007 (illustration). - Olivier Morain - AFP
On s’en doutait, la musique nous fait du bien. Et une équipe irlandaise vient de partiellement le prouver scientifiquement. Des chercheurs de la Queen's University de Belfast ont en effet montré l’efficacité d’une cure de musicothérapie couplée à un traitement antidépresseur chez des enfants et adolescents de 8 à 16 ans atteints de problèmes comportementaux et affectifs. Leur travail pourrait ouvrir la voie à une généralisation de cette pratique complémentaire.
251 enfants de 8 à 16 ans souffrant de troubles psychiques sévères dont un tiers présentaient une dépression, ont fait partie de l’étude qui s’est déroulée de mars 2011 à mai 2014. 128 ont suivi un traitement classique, 123 ont participé en plus à un programme de musicothérapie.
Une meilleure estime de soi
Ces derniers ont suivi pendant 12 semaines des ateliers individuels hebdomadaires d'improvisation d'une demi-heure. La musicothérapie cherche à développer la communication non-verbale et chaque enfant accompagné d'un musicien, a pu jouer ou demander les morceaux de son choix. Avec plusieurs instruments mis à sa disposition on lui demandait par exemple de décrire sa semaine ou son état d'esprit par un morceau de musique, comme l'explique le Belfast Telegraph.
Les médecins ont ensuite évalué les changements quant aux échanges, à l’estime de soi, aux rapports familiaux et aux symptômes dépressifs. Les améliorations notées ont été confirmées trois mois après la fin du programme. Au bout du compte, les enfants qui ont suivi les ateliers avaient moins de symptômes dépressifs. Ils arrivaient mieux à communiquer et leur estime de soi s’était nettement améliorée. Et les progrès se sont maintenus dans le temps.
Vers une baisse des antidépresseurs?
Ciara Reilly, la responsable du Northern Ireland Music Therapy Trust, rappelle que la musique a déjà été utilisée dans des thérapies avec les enfants, "mais, pour la première fois, son efficacité est démontrée par un essai clinique randomisé et contrôlé. Les résultats sont spectaculaires et soulignent la nécessité d'inclure la musicothérapie dans les options de traitements traditionnels".
Les méthodes utilisées le plus souvent s'appuient essentiellement sur les antidépresseurs et la psychothérapie. Pourtant, la Food and Drugs Administration (FDA) met en garde contre le risque de pensées suicidaires générées par ces antidépresseurs chez les jeunes, au cours des premiers mois de traitement. A terme, une approche complémentaire avec de la musicothérapie pourrait peut-être permettre de réduire ces doses administrées aux jeunes.
Quant à connaître les effets concrets de la musique sur leur cerveau, on l’ignore. On sait seulement que la pratique de la musique améliore la plasticité cérébrale ce qui facilite le développement de nouvelles connexions et est bénéfique pour de nombreuses aires du cerveau, comme le rappelait l'an dernier le site spécialisé Medscape. La dépression est la principale cause de maladie et de handicap des jeunes âgés de 10 à 19 ans dans le monde, selon un rapport sur les adolescents publié en mai par l'Organisation mondiale de la Santé.