« J'amenais tous les jours ma fille à son tortionnaire »

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C’est une plainte en forme de cri du cœur. Un père de famille va porter plainte ce mardi contre le rectorat de Créteil après que sa fille de 4 ans et demi a été victime d’attouchements sexuels présumés par son instituteur de l’école maternelle Chateaubriand à Créteil (Val de Marne). L’homme a reconnu les faits en garde à vue et a été mis en examen la semaine dernière. Il a été remis en liberté et suspendu par l’Education nationale. Plusieurs enfants auraient été victimes de cet instituteur.
S’il a bien sûr porté plainte contre lui, Dominique s’en prend également au rectorat, pour dénoncer « son inertie et son silence coupable ».
« Il ne fallait surtout pas ébruiter l’affaire »
« Quand j’ai appris que ma fille avait été victime d’attouchements sexuels, je n’ai pas voulu déposer une plainte tout de suite, raconte Dominique sur RMC. Je suis allé voir la directrice de la maternelle pour en parler avec elle. Mais elle ne voulait pas que l’affaire s’ébruite, peut-être sous la pression de sa hiérarchie. La seule chose qu’elle m’a proposée, c’est de changer ma fille d’école. Surtout il ne fallait pas en parler, ne pas ébruiter l’affaire pour ne pas affoler les autres parents et les élèves. Ni l'inspecteur d'académie, ni la psychologue de l'école n'ont daigné prendre contact avec moi ou simplement répondre à mes appels ».
« Je rappellerais juste à tous ces gens de l'administration et du rectorat de Créteil que cela faisait 4 mois que ma fille subissait tous les jours cette personne. Donc je l'amenais chaque matin à son tortionnaire, et ça je vous assure que ça donne assez d'énergie pour les combattre ».
« Certaines personnes ne sont pas dignes de l’Education nationale »
« Je respecte l’Education nationale, mais certaines personnes ne sont pas dignes de la mission qui leur est confiée. Quand on a des incompétents on les vire ! Chacun doit prendre ses responsabilités. On ne peut pas dire ''la justice va faire son boulot vis-à-vis de l'enseignant et nous on y est pour rien''. Et bien non, messieurs de l’académie et du rectorat, vous êtes responsables des enseignants que vous embauchez ».
Dans ce combat, Dominique est soutenu par les autres parents des victimes présumées de l’instituteur, qui tous dénoncent le « silence coupable » des autorités éducatives. Lundi, le recteur de Créteil, William Marois, a récusé tout « dysfonctionnement ». Le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a annoncé l'ouverture d'une enquête interne. Il a reçu ce mardi après-midi Dominique et les autres parents et leur a promis de les « accompagner dans leur douleur », notamment via un accompagnement pédopsychiatrique de leur enfant. « On est ravis d'avoir été enfin écoutés » a affirmé Dominique, indiquant être toutefois « toujours en colère ».