Insultes, violences, ignorance: cartographie de l'homophobie en France en 2014
Quand l'agression n'est pas physique, elle est verbale, et d'une violence rare. "Sales PD, vous êtes le sida". "Sale trans, si je te croise, je te bute." "#SIMonFilsEstGay, je le brûle avec de l'essence sur un barbecue devant toute la famille".
Proférées dans l'entourage familial, au travail, au hasard dans la rue ou sur les réseaux sociaux, ces insultes ont toutes visé des personnes homosexuelles en 2014. Répertoriées par l'association SOS Homophobie, elles servent d'introduction au rapport 2015 de cette dernière, dévoilé ce mardi.
Moins de témoignages, pour une violence toujours aussi présente
Premier enseignement, les témoignages d'actes de LGBTphobies (insultes, rejet, discrimination, homophobie sociale, menaces, harcèlement, etc.) ont été moins nombreux l'an passé en comparaison à 2013 - année du vote sur la loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels. Une donnée pas vraiment parlante, comme l'explique le président de l'association, Yohann Roszéwitch, dans son éditorial: "Dans les contextes relatifs à la vie quotidienne, la haine et la violence se manifestent toujours autant."
Dans les chiffres, ce sont donc 2.197 témoignages de propos et actes d'homophobie qui ont été dénombrés en 2014, bien moins que les 3.517 comptabilisés un an auparavant. Mais un chiffre très élevé, le deuxième plus important depuis 1997 et la création de l'association. Préoccupant.

Une parole "homophobe" libérée, mais moins visible
Concrètement, les débats qui ont entouré le vote de la loi sur le mariage pour tous a clairement eu un effet pervers pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. Si d'un côté la loi est passée et qu'il est désormais possible de se marier et d'adopter tout en étant homosexuel en France, de l'autre la parole homophobe a subi une véritable "libération", note le rapport. Mais ce qui avait fait exploser les compteurs à témoignages de SOS Homophobie en 2013 s'est clairement essoufflé en 2014.
Ainsi les actes homophobes perpétrés dans un cadre politique ont clairement baissé, à -86%. Baisse similaire, à -77%, sous le prisme religieux. Sur Internet, les témoignages d'agression homophobe ont également chuté, de -53%. Mais la toile est, en 2015, le principal vecteur des paroles LGBTphobes, 40% des propos recueillis par l'association concernant des faits sur le web.
Au travail et à la maison, l'homophobie ne recule pas
Dans certains contextes, toutefois, les témoignages rapportés vont à contre-courant de ces baisses quasiment généralisées. C'est notamment le cas au travail, où le nombre de témoignages avait pourtant chuté en 2013.
"Phénomène inquiétant", souligne l'enquête, les sollicitations liées au milieu scolaire ne baissent que très peu, de 13%, tandis qu'elles sont en augmentation dans le cercle familial. Ce sont ici les jeunes qui sont essentiellement concernés.
L'homophobie est quotidienne
Toujours selon le rapport 2015, "l'homophobie du quotidien", au hasard dans la rue, reste à un niveau jugé élevé, représentant 11% des témoignages recueillis.
Dans le détail, les actes homophobes, s'ils ont globalement reculé de 40% en 2014, ont gagné en spécificité. Ainsi, les actes et insultes visant les gays, les personnes bisexuelles et transgenres ont seulement baissé de 20%, 13% et 9% respectivement. Les actes de lesbophobie ont eux-mêmes connu une hausse de 4%, pour un document qui ne se veut évidemment en aucun cas exhaustif de toutes les manifestations LGBT-phobes survenues en 2014.
Dernière statistique de taille, les agressions physiques signalées à SOS Homophobie restent encore très hautes, malgré un climat plus apaisé. Ainsi, 162 cas ont été signalés en 2014, contre 188 cas en 2013.