Ils ont fait l’événement - Meurtre de Mireille Knoll: son fils "gêné" par la récupération politique de ce drame

Salhia Brakhlia revient sur l’actualité de l'année avec ceux qui l’ont faite. Aujourd’hui, elle rencontre les fils de Mireille Knoll, une femme de 85 ans de confession juive assassinée en mars dernier. Ils partagent leurs visions divergentes de l’antisémitisme en France et de la tournure politique qu’a pris la marche blanche.
Le 23 mars dernier, Mireille Knoll était retrouvée morte dans son appartement parisien, le corps partiellement brûlé et marqué de coups de couteau. Deux suspects ont rapidement été mis en examen pour "homicide volontaire" à caractère antisémite sur cette octogénaire de confession juive qui avait fui avant la rafle du Vel-d’Hiv en 1942. Salhia Brakhlia a rencontré ses fils pour BFMTV, à quelques centaines de mètres de l’ancien domicile de leur mère, dans le 11e arrondissement de la capitale. Ils reviennent sur les faits et exposent leurs opinions divergentes sur l’antisémitisme en France:
"Quand il y a des meurtres qui sont perpétrés contre des personnes âgées sans défense, c’est déjà abominable. Mais en plus que ce soit un crime de haine tel que le crime antisémite, c’est innommable, c’est incompréhensible", estime Allan.
"Ce qui me gêne, c'est la récupération politique"
La mort de leur mère a suscité un émoi national; Emmanuel Macron était présent lors de ses obsèques, et une grande marche blanche a été organisée par le Crif. Un événement qui a pris une couleur politique lorsque l’organisation s’est opposée publiquement aux venues de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, tandis que Daniel Knoll appelait "tout le monde, sans exception" à participer à la marche. Un aspect sur lequel les deux frères sont en désaccord:
"Ce qui me gêne, c’est la récupération politique, qui est l’occasion pour des figures de partis politiques qui sont foncièrement antisémites même s’ils ne le disent pas", explique Allan Knoll.
Daniel Knoll, de son côté, pense qu'"’à des moments aussi importants que ceux-là, il faut réunir la France et non pas la diviser."
"La haine" qui a tué leur mère
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se sont bien présentés le jour de la marche blanche, mais l’ont rapidement quittée à cause des huées dont ils ont fait l’objet: "je regrette l’exfiltration", déclare Daniel Knoll. "Ils auraient dû pouvoir participer comme tout-un-chacun. Du coup, on n’a parlé que de ça."
Le meurtre de Mireille Knoll a remis l’insécurité dont témoignent certains juifs de France au cœur du débat. Là encore, les deux frères sont en désaccord: quand Daniel Knoll "pense sérieusement" à quitter le pays, Allan Knoll considère qu'"Il n’y a pas plus de danger à Paris qu’à Tel Aviv"; "Ce n’est pas à des Français de quitter la France", estime-t-il.
Malgré la fin tragique de Mireille Knoll, ils gardent la tête haute: "Il n’y a pas de haine chez nous", assure Allan. "Parce que nous sommes incapables de ressentir la haine qui a tué notre mère."
Votre opinion