Haute couture: dior au pays des femmes-fleurs

Modèle imaginé par John Galliano pour la collection de haute couture automne-hiver 2010-2011 de Christian Dior. Les femmes-tulipes de Dior se sont mêlées aux roses des jardins du musée Rodin lundi, au premier jour des défiles de haute couture, dont la rép - -
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Les femmes-tulipes de Dior se sont mêlées aux roses des jardins du musée Rodin lundi, au premier jour des défiles de haute couture, dont la réponse à la crise semble plus que jamais être la créativité.
Le couturier britannique John Galliano, venu saluer la foule en costume 1900 et canotier à voilette, a réinventé une collection "tulipe" imaginée par Christian Dior au début des années 1950.
La célèbre ligne "new look" de Dior - épaules douces, taille serrée, hanches arrondies - imprégnait les 30 modèles aussi colorés qu'un jardin au printemps présentés sous une tente transparente d'où l'on apercevait parterres et statues.
Déroulée devant un bouquet de tulipes "perroquet" géantes, la collection rappelle que cette fleur venue d'Asie fut jadis précieuse au point d'atteindre des prix astronomiques à la Bourse dans la Hollande du XVIIe siècle.
Destinées à entrer dans un vestiaire d'hiver, les vestes Dior sont taillées dans du mohair douillet orange ou vert jade, les manteaux dans de la feutrine jaune citron ou bleu cobalt.
Clin d'oeil aux fleuristes, les mannequins ont le chignon entouré d'un papier de celluloïd coloré et la taille soulignée par un petit ruban de couleur.
"C'est tellement féérique, magique. On est dans le rêve, c'est un peu Alice au pays des merveilles", a commenté après le défilé l'actrice Marisa Berenson.
Présent depuis le matin, Jean-Jacques Annaud a assisté aux préparatifs de la collection.
"J'aime bien les coulisses, on apprend beaucoup de choses", a dit à la presse le cinéaste, qui dit pouvoir être "ému par la qualité d'un ourlet, le tombé d'une manière".
Les comédiennes Jessica Alba et Lou Doillon, le mannequin Lily Cole étaient aussi dans le public, tout comme la jeune Américaine Leana Mallya, 16 ans, qui portera une robe Dior haute couture au prochain bal des débutantes à Paris en novembre.
"Je vais me sentir comme une princesse", a dit la jeune fille. "Les robes sont si féminines, légères et élégantes."
PAYS ÉMERGENTS, NOUVEAU POTENTIEL
Au premier rang, Bernadette Chirac, l'épouse de l'ex-président de la République nommée en avril au conseil d'administration de LVMH, s'est refusée à tout commentaire sur ses nouvelles fonctions.
Non loin d'elle, Bernard Arnault, propriétaire de LVMH, était entouré de son épouse pianiste Hélène et de ses enfants Delphine et Antoine, respectivement directrice adjointe de Christian Dior Couture et directeur de la communication de LVMH.
"Tout va très bien. Les affaires sont assez dynamiques", a dit Bernard Arnault à Reuters à propos de son groupe.
Dans le coin réservé aux clientes, les milliardaires venaient de Los Angeles, mais aussi de Hong Kong et New Delhi.
Pour Jean-Jacques Picart, conseiller chez LVMH, "les pays émergents constituent un très joli potentiel pour la couture".
"Dans ces pays les fortunes ont besoin de reconnaissance, d'un statut, et la haute couture est le meilleur moyen, avec la joaillerie, d'exprimer tout de suite, sans ouvrir la bouche, qu'on appartient à une catégorie très privilégiée", a-t-il dit.
La journée de défilés avait commencé avec celui du Français Christophe Josse, un ancien de chez Torrente inspiré cette saison par le dernier film de Luchino Visconti "L'Innocent".
Présentée au palais de Tokyo, sa collection tout en délicatesse était taillée dans l'organza le plus léger et l'astrakan le plus fin dans des couleurs sourdes - gris tourterelle, mauve améthyste.
Le Libanais Georges Chakra s'est quant à lui inspiré de "Gilda", avec Rita Hayworth, qu'il a "revu six fois" avant de dessiner des robes très "Hollywood 1950", souvent spectaculaires.
Comme ses compatriotes Elie Saab et Zuhair Murad, ses modèles font la part belle aux broderies et au savoir faire ancestral des artisans du Moyen-Orient.
Edité par Yves Clarisse