Grand débat national: la banlieue tente de trouver sa place

Le Grand débat national ne connaît pas un grand emballement au sein des quartiers sensibles. Mais de plus en plus d'acteurs locaux s'activent pour faire entendre la voix des habitants.
Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron ne leur avait pas réservé une attention particulière. Et cela semble réciproque. Les habitants des quartiers populaires ne montrent pas, jusque-là, un enthousiasme débordant pour le grand débat national. Ils ne se bousculent pas non pour remplir les cahiers de doléances. Mais plusieurs initiatives émergent, notamment en région parisienne.
Désaveux des pouvoirs publics
Élus et représentants d'associations le reconnaissent, l’intérêt pour le grand débat est modéré dans les quartiers sensibles. "Je crois que dans les banlieues, il y a un certain 'bon de toute façon tout cela ne servira à rien'”, observe sur notre antenne la maire socialiste de Bondy, en Seine-Saint-Denis, Sylvine Thomassin. Nadir Kahia de l’association "Banlieue Plus & Nos Quartiers" poursuit:
"Ça fait des années qu’on propose des choses qui pourraient répondre aux problématiques des quartiers populaires de façon générale en banlieue et auxquels nous n’avons pas de réponse des pouvoirs publics."
La brèche de l'abandon du plan banlieue
À Grigny dans l’Essonne, l’édile communiste Philippe Rio a installé cinq urnes de cahier de doléances dans la ville, notamment dans le quartier sensible de la Grande Borne. Depuis, à peine une centaine de formulaires ont été remplis.
Si le Grand débat ne mobilise pas c’est aussi parce qu’ils ont déjà eu leur débat, eux. C’était en 2018, lorsqu’Emmanuel Macron avait missionné Jean-Louis Borloo pour mettre sur pied un "plan banlieue". Un plan que “le gouvernement a décidé de mettre à la poubelle avec mépris, arrogance, voire humiliation”, regrette au micro de BFMTV Philippe Rio.
Un réveil progressif?
Mais les acteurs locaux ne s’avouent pas vaincus pour autant. Mardi, seuls deux débats étaient signalés en petite et grande couronne sur le site officiel du Grand débat. Depuis, six réunions ont été ajoutées, notamment dans des villes sensibles comme Asnières ou Pantin. À Marseille également, la seule rencontre officiellement enregistrée est un café-débat citoyen organisé dans les quartiers Nord de la cité phocéenne, par la députée LaREM Alexandra Louis.
D'autres débats vont venir, comme à Saint-Denis, le 26 février, annonce la municipalité à BFMTV.com. Cette dernière tient à souligner la qualité des revendications reçues de ses habitants, ayant une vraie "maturité politique". La ville de Seine-Saint-Denis prévoit donc une réunion pour "assumer cette responsabilité" de "porter leur voix". "Saint-Denis n'est pas fermée", nous précise-t-on au téléphone.
Julien Denormandie envoyé en renfort
Volontaire donc, mais pas naïve pour autant. "Nous sommes lucides. Emmanuel Macron n'écoutera pas vraiment nos revendications. Il n'en tiendra pas compte", regrette la mairie.
Grand Bourgtheroulde, Souillac et Valence… Dans sa tournée de rencontre avec les maires, le président de la République n’a pour le moment pas fait de haltes dans les quartiers sensibles. Comme lot de consolation, il a néanmoins missionné le ministre chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, d’y effectuer une série de déplacements ces prochaines semaines.
"Moins de déplacements et plus de dotations, voilà ce qu'il faudrait", ironise-t-on encore à la municipalité de Saint-Denis.
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