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Société

Employés sous pression et clients "arnaqués" ?

Il appelait à la "chasse ouverte" et à l'"extermination" des mauvais vendeurs. Un cadre de La Poste a été muté.

Il appelait à la "chasse ouverte" et à l'"extermination" des mauvais vendeurs. Un cadre de La Poste a été muté. - -

Après la mutation d'un cadre de La Poste qui voulait «exterminer» les mauvais vendeurs, les syndicats dénoncent des pressions internes et des «arnaques» aux clients.

Un cadre de la Poste voulait "exterminer" les mauvais vendeurs, il a du accepter d'aller voir ailleurs. Dans un mail envoyé à ses subordonnés le 5 mars dernier, Rémi Karcher, chargé des bureaux de poste de Paris sud, leur demandait de faire la "chasse" aux employés qui ne vendent pas assez de produits financiers. La direction nationale de la Poste n'a pas apprécié et a décidé de le muter sur le champ, « car cela ne correspond en rien, à ce que l’entreprise attend de ses responsables », explique Jacques Rapoport, le directeur général délégué du groupe.

Maladresse ou « trace écrite » embarrassante ?

Pour la direction, il s'agit d'une maladresse, d'expressions tout à fait inappropriées. « Inadmissible », estime Sud PTT. « Pas surpris » par ce mail, selon lui « révoltant, scandaleux, ignoble », Olivier Rezé, secrétaire départemental du syndicat Sud PTT Paris ajoute : « C’est sans doute un vocabulaire que les cadres dirigeants ont entre eux. Mais là, on a une trace écrite. »

« Faire du chiffre... quitte à arnaquer le client »

Reste que pour certains postiers ce courriel traduit la pression exercée sur les agents pour qu'ils fassent du chiffre. Une pression « quotidienne », précise Cédric, un jeune guichetier de La Poste dans le 16ème arrondissement de Paris : « Le but, c’est de faire du chiffre. Quitte quasiment, à arnaquer le client. On a eu des ordres d’arnaquer, concrets, avec des menaces de sanction si jamais on n’appliquait pas. »

« Pour éviter le plan social, la direction met la pression »

Une pression qui est la conséquence selon eux du passage du statut d'entreprise publique au statut de société anonyme à capitaux publics. Une pression jugée violente, qui entraîne selon les syndicats un mal-être au travail.
Olivier Rezé évoque le cas d’un agent récemment licencié pour « faute disciplinaire », parce qu’il avait envoyé un arrêt maladie – le troisième de l’année –, hors des 48 heures réglementaires. Un exemple qu’il craint de voir se répéter : « La Direction estime qu’il y a trop de personnel. Pour ne pas faire de plan social, on utilise de la pression, du conseil de discipline... »