Emmanuel Macron pouvait-il poser sa main sur la joue du pape?

Le Vatican est le haut-lieu de la tradition catholique, où tout relève du symbole et du protocole. Mais mardi, les deux chefs d'Etat ont fait fi de tout carcan normatif.
La presse italienne, dont La Repubblica ou le Huffington Post italien, et les agences de presse transalpines, telle Adnkronos, parlent de "carezza" de Macron au pape. En français, une caresse. Après une entrevue mardi d'un temps record avec le souverain pontife, le président français a eu un geste inhabituel: la main qui effleure la joue de François avant de sembler se raviser et se poser finalement sur son épaule. Le tout suivi d'une accolade.
Ce genre d'effusion est tout à fait inédite lors d'une audience papale, certes privée, mais entre deux chefs d'Etat, qui plus est au Vatican.
A la question de savoir si ce type de gestuelle s'est déjà vue, Samuel Pruvot, rédacteur en chef à Famille Chrétienne, répond d'un non catégorique: "Jamais, jamais, ça ne se passe comme ça. Ni la main sur l'épaule, ni l'embrassade. C'est hors protocole."
"Une curiosité"
Lors d'une audience accordée par le pape, rappelle le journaliste, "chaque détail compte, car ici tout est normé". Alors s'agit-il d'un manquement au protocole, les gens sont-ils choqués par cette attitude? "Il s'agit plus d'une curiosité que d'une atteinte au protocole", explique encore Samuel Pruvot. La presse italienne retient complète l'expression de "caresse" par l'épithète "inhabituelle".
Odon Vallet, spécialiste des religions, note que "l'âge du pape est le double de celui du président de la République". Ainsi, "certains pourraient être choqués qu'un homme se mette à embrasser un autre qui a l'âge d'être son grand-père".
Samuel Pruvot fait pour sa part observer que le président Nicolas Sarkozy, lors de l'audience accordée par Benoît XVI, en décembre 2007, les observateurs avaient remarqué la poignée de main "très énergique" du président français.
Le fond et la forme
Emmanuel Macron reste assez familier des démonstrations tactiles, que ce soit avec Donald Trump et maintenant avec le pape François. Pour Odon Vallet, il ne faut pas surestimer la portée symbolique de ces gestes.
"Ça me rappelle ce qu'il s'est passé avec Donald Trump. Dans un premier temps, les gens ont trouvé cela formidable, ils pouvaient dire qu'il (Emmanuel Macron, NDLR) avait 'fait la conquête de Trump'. Dans un second temps, les gens ont vu que les deux présidents gardaient des positions très différentes sur beaucoup de sujets. Là, c'est la même chose. Je ne pense pas que cela fasse beaucoup beaucoup les positions de l'un ou de l'autre sur la PMA, sur l'immigration.."
En un mot, malgré le caractère inédit de la forme prise par cette entrevue, la rencontre n'aurait pas le pouvoir de faire bouger les lignes.
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