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Des associations féministes demandent aux votants des César de ne pas plébisciter Polanski

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Une dizaine d'associations, menées par Osez le féminisme!, interpellent les votants des César en leur demandant de ne pas plébisciter Roman Polanski. Le cinéaste, accusé de viol, est en tête des nominations avec son film J'accuse.

Dans une lettre ouverte publiée ce mardi par Le Parisien, une dizaine d'associations féministes interpellent "les 4313 professionnel·les du cinéma qui vont voter pour les César 2020" et leur demandent de ne pas plébisciter Roman Polanski. Elles rappellent les accusations de violences sexuelles qui pèsent sur le cinéaste, dont le film J'accuse est favori, avec 12 nominations: 

"12 nominations aux César pour le film J'accuse de Roman Polanski. 12, comme le nombre de femmes qui l'accusent de viols pédocriminels", commencent-elles. "Par ces 12 nominations, le monde du cinéma a apporté un soutien franc et inconditionnel à un violeur en cavale, qui a reconnu avoir drogué et violé une enfant de 13 ans et a fui la justice américaine."

"Il s'agit de justice"

J'accuse est en tête des nominations aux César, dont la 45e édition aura lieu le 28 février à la salle Pleyel. Sous le feu des critiques après avoir dévoilé sa sélection, fin janvier, l'Académie des César s'était défendue. Le président Alain Terzian avait notamment déclaré que la remise de prix n'est pas "une instance qui doit avoir des positions morales". Ce à quoi répondent aujourd'hui les associations féministes signataires, menées par Osez le féminisme!, dans leur lettre ouverte:

"Vous vous trompez. Il s'agit de justice, pas de morale. Refuser de prendre position, célébrer un agresseur comme Polanski, c'est soutenir le système d'impunité des violences masculines, et museler la parole des victimes."

Elle accusent Roman Polanski d'"utiliser sa notoriété" et d'"instrumentaliser l'affaire Dreyfus" (le sujet de son long-métrage) "pour se réhabiliter et se poser en victime alors qu'il est bourreau".

"Plus d'hypocrisie"

Elles rappellent enfin que que le monde du cinéma a soutenu l'initiative #MaintenantOnAgit en 2018, ainsi qu'Adèle Haenel lorsqu'elle a accusé, fin 2019, le réalisateur Christophe Ruggia de "harcèlement sexuel" et d'"attouchements", survenus lorsqu'elle était mineure:

"Plus d'hypocrisie", demandent-elles. "En 2020, vous avez la responsabilité de prendre position et de refuser de décorer un violeur pédocriminel qui se pose en victime."

Elles concluent leur message en appelant à un rassemblement devant la salle Pleyel, le soir des César 2020, à 18 heures. 

Le Parisien publie ensuite la liste des signataires, qui inclue aussi des personnalités: Osez le Féminisme!, Planning Familial, Collectif Féministe Contre le Viol, Hélène Bidard (adjointe à la Maire de Paris en charge de l'égalité femmes hommes), Association Internationale des Victimes de l'Inceste, Mie Kohiyama (présidente de MoiAussiAmnesie), Marche Mondiale des Femmes, Chiennes de garde, Collectif national pour les droits des femmes, Abandon de Famille - Tolérance Zéro !, Réseau féministe Ruptures.

Une dizaine d'accusations

La première affaire Polanski date de 1977, lorsque le réalisateur de Rosemary's Baby a été accusé d'avoir drogué et violé Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans. Le cinéaste a reconnu un détournement de mineure. Afin d'échapper à une peine de prison potentielle, il a fui les États-Unis et est venu s'installer en France. Depuis, une dizaine de femmes l'ont accusé de faits similaires. Valentine Monnier est la dernière en date: fin novembre, cette photographe française de 64 ans a assuré que le cinéaste l'avait violée en 1975, lorsqu'elle avait 18 ans. Ce témoignage avait bousculé la promotion du long-métrage. 

Benjamin Pierret