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Contraception : "une douzaine de mecs le font en France"

Une personne tient une plaquette de pilules contraceptives, le 13 octobre 2009, dans une pharmacie à Caen.

Une personne tient une plaquette de pilules contraceptives, le 13 octobre 2009, dans une pharmacie à Caen. - Mychele Daniau - AFP

Et si on partageait? Les soucis, les risques, la responsabilité. L'idée n'est pas nouvelle et pourtant, la contraception masculine ne perce pas en France. Mais pourquoi?

En termes de contraception, les femmes ont le choix : pilule, stérilet, patch, préservatifs féminins, anneau vaginal, ligature des trompes, implant... Les contraceptions pour hommes existent également, mais, à part le préservatif, aucune n’a jamais fait succomber ces messieurs. Si on évoque régulièrement de nouvelles pistes (gel contraceptif, pilule…) les progrès sont lents. Qu’est-ce qui bloque ?

Qui en a envie?

Aucun moyen aussi efficace que la pilule ou le stérilet n'a été mis au point pour les hommes, peut être parce que les laboratoires pharmaceutiques doutent de la demande. Pourtant, les hommes ont affirmé 61% être prêts à prendre une pilule contraceptive, selon un sondage CSA réalisé en 2012. Mais du côté des jeunes femmes, la confiance n'y est pas: seules 40% des 18-24 ans se disaient "prêtes à transférer cette responsabilité" aux hommes (61% tous âges confondus).

Pour Pierre Colin, président de l’association Ardecom,(association pour la recherche et le développement de la contraception masculine), "c’est essentiellement une question sociale. Ce militant pour la contraception masculine interrogé par BFMTV.com estime qu’"en France, les hommes ont peur de toucher à leur fécondité, cela leur fout la trouille" et dénonce "un machisme assez puissant chez les hommes et les médecins". La contraception masculine, "pas mal de gynécologues n’y pensent même pas, ils sont dans une routine où ils voient voir des femmes et voient peu de couples. Pourtant la critique sur les pilules est importante", note-t-il.

Comment faire?

Selon lui, "une douzaine de mecs se contraceptent en France aujourd’hui" par méthode hormonale ou thermique, avec l'aide de "trois ou quatre médecins". Pour ces hommes, les options sont au nombre de trois :

La vasectomie, légalisée en France en 2001, elle concernerait moins de 1% des hommes selon le Planning familial, contre 15 à 20% des hommes au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas.

La contraception hormonale, validée par l’Organisation mondiale de la santé, elle n’est prescrite que par deux médecins en France mais a été expérimentée sur 1.500 hommes, dont Pierre Colin. Il y a déjà 30 ans.

La contraception "thermique", soit un slip qui remonte les testicules afin que la chaleur arrête la spermatogénèse, n’est quant à elle prescrite qu’à Toulouse.

Et demain?

La revendication de la contraception masculine a d’abord été portée par des féministes pour qui les risques de la contraception hormonale devaient être partagés. Une logique partagée par Pierre Colin qui appartenait à la fin des années 70 à des "groupes de réflexions militants dans lesquels on jugeait que les hommes devaient se prendre en charge autant que les femmes. Près de 40 ans après c’est encore quasiment toujours la femme qui prend les risques toute sa vie".

Et les nouvelles pistes scientifiques ne convainquent pas franchement Pierre Colin: "les solutions existent déjà. On trouve des médications qui sont efficaces même s’il faut améliorer certains points. Les choses bougeront peut-être dans les pays qui ont besoin de limiter les naissances qui sait, ou avec des jeunes qui voudront militer". Avis aux intéressés...

Aurélie Delmas