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Colocation, familles d'accueil... Quelles alternatives à la maison de retraite?

Les récentes révélations concernant les Ehpad gérés par le groupe Orpea ont semé le doute quant au traitement réservé aux personnes âgées dans certaines structures. Mais d'autres alternatives existent.

Avec la publication le 26 janvier de son livre-enquête Les Fossoyeurs, le journaliste indépendant Victor Castanet a mis en lumière les failles d'un système souvent présenté comme la seule alternative d'accueil réservée aux personnes âgées dépendantes, les Ehpad.

Privation de nourriture, maltraitance, détournement d'argent public... Les établissements du groupe Orpea, sur lequel le livre se penche, accumulent les dysfonctionnements. Mais d'autres alternatives à ce modèle existent. Colocations solidaires, intergénérationnelles... BFMTV.com fait un tour d'horizon de ces possibilités, encore méconnues du grand public.

• Les habitations partagées

Invité ce jeudi sur le plateau de BFMTV, Simon Vouillot, cofondateur d'Âges et vie, a évoqué l'exemple des habitations partagées. À savoir, des maisons où sont accueillies plusieurs personnes âgées ne pouvant plus vivre seules, accompagnées dans la journée par des auxiliaires de vie.

"Notre solution répond à une vraie attente. On a une façon d'aborder les personnes âgées un peu différente des Ehpad, et cela répond à un vrai besoin", détaille ainsi Simon Vouillot.

Dans ces structures où cohabitent huit personnes âgées, chaque résident à une chambre de 30m2, afin de pouvoir y installer ses meubles ainsi que recevoir sa famille. Les pensionnaires partagent leur cuisine, le salon et la salle à manger. Pour accompagner les résidents dans leur vie de tous les jours, des auxiliaires de vie sont présents toute la journée, de 7h à 21h.

"La nuit, ces auxiliaires ne travaillent pas, mais sont d'astreinte. Et une partie d'entre elles vit à l'étage", ajoute Simon Vuillot.

Pour lui, la différence fondamentale des établissements qu'il représente avec les Ehpad, est que ces derniers sont soumis à une multitude de normes, venant parfois empêcher l'expression de la volonté de leurs résidents.

Alors que dans les établissements partagés, "ce sont les résidents eux-mêmes qui font les choix. [...] Les personnes âgées qui arrivent dans le grand âge, elles ont envie de s'exprimer".

"La maison de retraite, aujourd'hui, c'est devenu un établissement hospitalier. C'est très réglementé, très normé", abonde Simon Vuillot.

Quant au coût, il est foncièrement le même que dans un Ehpad, à savoir 1600 euros par mois, une fois les différentes aides soustraites.

• Familles d'accueil pour personnes dépendantes

Quand une famille ne souhaite envoyer un parent dépendant en Ehpad et n'a ni la place, ni les compétences pour l'accueillir dans son propre domicile, le placement e famille d'accueil peut être une solution.

Le site service-public explique ainsi que "l'accueil familial est un dispositif permettant à une personne âgée et/ou handicapée d'être accueillie au domicile d'un accueillant familial. L'accueillant familial est rémunéré pour cette prestation. La personne accueillie signe avec l'accueillant familial un contrat d'accueil fixant les conditions matérielles, humaines et financières de l'accueil".

Il est également indiqué que le montant de la rémunération pour ces familles accueillantes s'établit à 26,43 euros brut par jour. Ce dispositif est cependant uniquement accessible aux personnes ne nécessitant pas de soins constants. Et pour accueillir une personne âgée, la famille d'accueil a besoin de recevoir un agrément délivré par les services du département.

Interrogé par nos confrères du Figaro, Paul-Alexis Racine Jourden, président et fondateur du site CetteFamille, qui met en relation les aînés souhaitant rejoindre une famille et ces dernières, regrette ainsi que "nombre de départements ne communiquent pas ou peu sur cet accueil familial. On recense près de 30% de places d'accueil libres en accueil familial, alors que certaines familles peinent à une solution pour leur parent âgé".

• Les colocations intergénérationnelles

Si une personne âgée souhaite conserver son domicile mais ne peut plus vivre seule, le site jeune.gouv.fr évoque quant à lui les "cohabitations intergénérationnelles". À savoir des colocations entre une personne de moins de 30 ans et une personne âgée.

Pour bénéficier d'une telle offre, les personnes intéressées sont invitées à se rendre sur le site Cohabilis, "réseau national dédié à la cohabitation intergénérationnelle", fait savoir jeunes.gouv.fr.

Concrètement, pour la personne de moins de 30 ans, ce type d'hébergement se caractérise de la sorte: "bénéficiez d’un logement décent contre, par exemple, quelques petits services, une indemnité d’occupation ou un engagement à être présent certains soirs pour tenir compagnie à la personne âgée qui vous accueille".

L'initiative est également mise en avant par la ville de Paris, où le marché immobilier est très tendu, notamment pour les plus jeunes.

"Beaucoup de Parisiens retraités vivent seuls et disposent d'une ou plusieurs chambres disponibles dans leur appartement. Parallèlement, beaucoup de jeunes, étudiants, stagiaires, jeunes travailleurs... cherchent un logement financièrement accessible à Paris", écrit la ville sur son site.

Mais encore une fois, un tel dispositif ne s'adresse pas aux personnes âgées nécessitant des soins permanents ou étant très dépendantes.

Jules Fresard