10 mois après Charlie, les Français se recueillent à l'unisson

Trois jours après les attentats, la solidarité s’exprime partout en France. La condamnation des attaques fait aussi l’unanimité, un contraste avec les attentats de janvier où, notamment sur les réseaux sociaux, des messages de soutien aux terroristes avaient émergé.
Après les attentats de Charlie Hebdo, les messages complotistes et haineux avaient pullulé sur internet. Les hashtags #JeSuisKouachi ou #JeSuisCoulibaly, forme de soutien aux terroristes de janvier s’étaient répandus. Mais depuis les attentats de la semaine dernière, ces messages sont inexistants.
Au contraire cette fois-ci, les réseaux sociaux ont servi de plate-forme à des initiatives de solidarité. Vendredi soir, des Parisiens relayant le hashtag #PorteOuverte, invitaient chez eux ceux qui avaient besoin de se mettre à l’abri.
"Toute la nation est frappée"
Le politologue Gilles Kepel explique ce phénomène par la nature de l’attaque. "On a eu un attentat aveugle qui a touché absolument tout le monde. Des bobos, des branchés, des jeunes issus de l’immigration" relève-t-il sur BFMTV. Vendredi soir, sept lieux ont été visés par les terroristes: le stade de France où 80.000 personnes étaient réunies, plusieurs bars et restaurants du Xe et XIe arrondissement de Paris et la salle de concert du Bataclan. Des lieux fréquentés sans distinction de communauté.
En janvier au contraire, Gilles Kepel explique que les cibles étaient très précises: "les "islamophobes" de Charlie Hebdo, les apostâtes de la police et les juifs de l’Hyper Cacher". Ca avait permis à un certain nombre de radicaux de dire "c’est bien fait". Là, toute la nation est frappée", remarque-t-il.
Un constat qu’a simplement résumé le rappeur Youssoupha, samedi soir dans l’émission On n’est pas couché sur France 2. "Suite à Charlie, on a fait beaucoup de débats sur les Charlie, les pas Charlie, les juifs, les pas juifs, les Français, les blancs… " Mais, cette fois-ci, le message est limpide, les terroristes ont voulu dire "vous êtes tous nos ennemis", a-t-il ajouté.
Le rappeur regrette toutefois la "perte de temps" des débats après Charlie. "Maintenant c’est clair. Arrêtez de perdre votre temps avec ça, et peut-être on va passer à des choses plus concrètes dans la manière dont on perçoit tout ça".
Un même objectif de division des Français
En frappant des victimes "représentatives de la société parisienne jeune (…) les visions fantasmatiques de ceux qui sont les impies, ceux qui sont les bons croyants ont volé en éclat", analyse Gilles Kepel.
Mais si la solidarité et l’unité ont supplanté ces dissensions, le spécialiste de l’islam Abdenour Bidar met en garde les Français. L’objectif de Daesh, qui a revendiqué les attentats de Paris est le même qu'en janvier. Que "nous nous retournions les uns contre les autres: non musulmans contre musulmans", explique-t-il dans Libération. Il appelle les Français à se battre "avec la plus grande énergie collective, dans les semaines qui viennent, pour l’emporter ensemble sur tous ceux qui voudront dresser notre population contre elle-même".
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