BFMTV
Société

A quoi ressemble le "protocole Ebola" d'Air France?

Passagers en attente d'un vol Air France.

Passagers en attente d'un vol Air France. - Kenzo Tribouillard - AFP

Avec la suspicion jeudi d'un cas de contagion par Ebola dans un avion Air France à destination de Madrid, la crainte de voir la contamination progresser refait surface. Mais comment la compagnie gère-t-elle concrètement ce risque?

Air France a confirmé jeudi avoir mis en œuvre le "dispositif Ebola", à Madrid, après la suspicion d'un cas de contamination dans le vol Paris-Madrid AF1300. Mais outre le contrôle des passagers provenant "de la zone contaminée" à leur arrivée dans les aéroports français, des mesures sont également prises avant l'embarquement et en cas de suspicion pendant le vol. Quel est le protocole? Revue de détails.

> Le contrôle des passagers au départ

Une exigence de traçabilité. Au départ de Conakry et de Lagos, les passagers qui entrent dans le hall de l'aéroport doivent remplir un questionnaire. Il doit être visé par les autorités locales.

Des contrôles médicaux. Les passagers doivent se soumettre par deux fois à une prise de leur température dans l'enceinte de l'aéroport.

Sans ce tampon sur le questionnaire par les autorités et "l'absence de symptômes médicalement vérifiée", la carte d'embarquement n'est pas délivrée, précise la compagnie.

> Former spécifiquement les personnels de bord

"Quelle que soit la destination, les personnels navigants sont formés sur la conduite à tenir vis-à-vis d'un passager infectieux à bord", précise Air France. "Une information est diffusée à tous les équipages devant se rendre vers ces destinations avec une conduite à tenir très précise sur le traitement d'un passager suspect à bord. Les recommandations des médecins du service Santé au Travail sont partagées avec l'équipage lors du briefing avant vol."

> A bord, isoler le ou les malades

Le passager suspect est avant tout isolé, détaille la compagnie. Il peut être confiné dans des toilettes réservées ou être enjoint à porter un masque.

  • Les personnels navigants se protègent par le port de gants, d'un masque et l'utilisation de gel hydro-alcoolique. Toute la flotte Air France est équipée de ces équipements, est-il précisé.

Les déchets, comme les équipements de protection sont stockés dans des contenants spécifiques.

Les identités de tous les passagers ayant été en contact avec le suspect sont relevées. Un questionnaire "de traçabilité" doit être rempli dans l'avion rappelait jeudi la ministre de la Santé Marisol Touraine.

Ce protocole de protection n'est cependant "pas spécifique à Ebola" rappelait Vincent Feuillie, responsable de la médecine passagers d'Air France au Figaro, mais "il a été développé pour faire face au Sras et la grippe H1N1". Le Syndrome respiratoire aigu sévère paraît en effet beaucoup plus contaminant puisqu'il peut se transmettre, contrairement à Ebola, par voie aérienne.

  • > Des mesures efficaces?

Si Air France dit avoir renforcé les contrôles sur les vols directs en provenance de la Guinée et du Nigeria et indique avoir suspendu sa desserte depuis Freetown en Sierra-Leone et ne pas desservir le Liberia, la question des vols avec escales, par exemple au Maroc, font l'objet de vives critiques.

Le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon à Paris, explique à BFMTV qu'"il faut laisser ce système de prise de la température et de questionnaire de traçabilité se mettre en place" et que sa réussite "est basée sur la confiance des gens qui voyagent". Mais effectivement la question d'un contrôle imparfait est posée. "Quand on passe avec le taxi-brousse de Conakry à Dakar, on n'est effectivement pas contrôlé comme arrivant d'un pays de haute endémie et ce point est important", souligne-t-il.