A Marseille, des enfants gardent leurs manteaux dans les classes faute de chauffage

Pour polluer moins et faire des économies, la ville de Marseille coupe le chauffage dans les écoles le soir et le week-end. Mais dans les classes, il fait froid et les enfants doivent souvent garder leurs manteaux.
À Marseille, les enfants ont froid à l'école. Il n'est même pas rare qu'ils gardent leurs manteaux, écharpes, bonnets et gants en classe. En cause: le choix de la mairie de couper le chauffage le soir et le week-end pour faire des économies.
Cette mesure est en vigueur dans les 444 établissements scolaires marseillais depuis décembre 2012. Si elle a l'avantage d'être écologique et de faire des économies, le résultat n'est pas pour plaire aux parents d'élèves: 14°C dans les classes. Ils ont lancé une pétition pour protester.
"Les enfants sont obligés de garder le manteau", a témoigné une mère pour BFMTV. "Mon fils dort à l'école. C'est inacceptable que des petits de première année dorment dans le froid", a regretté une autre.
"Je leur passe les mains sous l'eau tiède"
Une décision aussi inefficace que choquante pour cette représentante syndicale. "Quand on sait que dans les quartiers nord, la plupart de nos élèves ont des conditions de vie à leur domicile souvent abominables avec une paupérisation telle que les gens n'ont même plus les moyens de se chauffer, si en plus quand ils viennent à l'école de la République il n'y a pas de chauffage, où est-ce qu'on va?", s'est indignée pour BFMTV Barbara Miret, secrétaire départementale adjointe Snuipp Bouches-du-Rhône.
Pour Carole Allione, directrice de l'école maternelle Canet Ambrosini dans le 14e arrondissement, le froid rend les conditions de travail difficiles aussi bien pour les enseignants que pour les enfants. "Dès qu'il s'agit de prendre un crayon, de faire de la pâte à modeler, je leur passe les mains sous l'eau tiède pour les réchauffer parce que sinon on ne se réchauffe jamais dans la journée."
"Pourquoi la ville a tant tardé à réparer cette pièce"
Non loin de là, à l'école maternelle Sainte-Marthe, les élèves ont passé les premiers jours de l'année dans des salles de classe non chauffées à cause d'une chaudière défectueuse, comme le rapporte La Provence. Certains parents ont même préféré garder leurs enfants à la maison.
"Il y a une équipe formidable dans cette école, des instituteurs qui ont envie, mais quand votre enfant vous dit qu'il a froid et qu'il garde sa veste en classe, cela met en colère", a témoigné une mère pour le quotidien régional. "On ne comprend pas pourquoi la ville a tant tardé à venir réparer cette pièce qui a sans doute lâché pendant les vacances. C'est désolant", s'est indignée une membre de l'association des parents d'élèves.
12 millions d'euros par an pour le chauffage
D'autres écoles sont également concernées. La mairie reconnaît que "les techniciens sont très sollicités". "Lorsque le froid arrive d'un coup et qu'on fait marcher les chaudières à fond, il n'est pas rare qu'une pièce lâche". Mais les pannes n'expliquent pas tout. Dans de nombreuses écoles, l'isolation thermique est très mauvaise. Le chauffage étant éteint le soir et le week-end, lorsque les enfants arrivent en classe le matin, il fait froid.
"À l'école des Lilas mais aussi à Jean-Jaurès, on s'est plaint de températures trop basses non seulement à cause de pannes diverses mais parfois d'une mauvaise isolation. Alors, certes, le froid est venu d'un coup mais la mairie centrale pouvait largement anticiper l'hiver pendant les vacances", regrette pour La Provence Sandrine d'Angio, adjointe à l'Éducation pour la mairie des 13e et 14e arrondissements.
L'agglomération estime quant à elle que cette mesure ne met pas en péril la scolarité des enfants. "Il faut savoir que le coût du chauffage dans les écoles est d'environ 12 millions d'euros par an", a indiqué à La Provence Danièle Casanova, adjointe au maire de Marseille déléguée à l'Éducation. Et considère que le chauffage est "rallumé suffisamment tôt le lundi matin pour que les enfants n'aient pas froid au moment de rentrer en classe".
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