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Intempéries dans le Sud: la faute du réchauffement de la Méditerranée

la commune de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) a été très touchée par les inondations.

la commune de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) a été très touchée par les inondations. - Raymond Roig - AFP

Le Sud de la France connaît des intempéries exceptionnelles alors que 2014 sera l'année la plus chaude que la France a jamais connu depuis 150 ans au moins. Le climatologue Jean Jouzel décrypte ces phénomènes.

Depuis jeudi dernier, le Sud de la France est frappé par des inondations "exceptionnelles" qui ont fait cinq victimes. En tout, 24 personnes ont péri dans les intempéries depuis le début de l'année. Pour y voir plus clair sur ces conditions climatiques exceptionnelles, BFMTV a invité Jean Jouzel. Le climatologue a remis en septembre un rapport au ministère de l’Ecologie sur le climat de la France au 21è siècle. Il explique que 2014 sera "l'année la plus chaude que la France a jamais connu depuis 150 ans au moins".

Un réchauffement de la Méditerranée

Après un hiver exceptionnel sur la façade atlantique, ce membre du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) constate des précipitations plus marquées dans l'arc méditerranéen. "On lie généralement ces précipitations importantes en automne sur tout l'arc méditerranéen à des températures de la Méditerranée assez chaudes", explique Jean Jouzel.

"C'est très difficile pour nous de dire s'il y a un lien directement avec le réchauffement climatique. Il est clair qu'y a un lien avec le réchauffement de la Méditerranée mais on ne franchit pas le pas d'attribuer ce réchauffement aux activités humaines", commente avec prudence le scientifique.

"On pressent bien que dans un système plus chaud il y a plus de risques. Le dernier rapport du GIEC explique qu'il y a plus d'événements extrêmes dans le cas d'un réchauffement climatique important", ajoute-t-il.

"Le réchauffement climatique est inéluctable"

"Je crois que ça appelle à la prudence et à la nécessité de lutter contre réchauffement climatique", en déduit Jean Jouzel. Et de pointer le manque de mobilisation autour du réchauffement. "On parle de lutter contre réchauffement climatique depuis une trentaine d'années, et les émissions de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre n'ont jamais augmenté aussi rapidement qu'au cours des dernières années", regrette-t-il.

"Le réchauffement climatique est inéluctable, on ne peut pas renverser la vapeur. Ce qu'on peut faire de mieux, c'est en limiter les effets", prévient Jean Jouzel pour qui il est donc important que la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en 2015 (COP21) soit une réussite. A ce sujet, Manuel Valls a annoncé vendredi que la lutte contre les dérèglements climatiques était déclarée "grande cause nationale en 2015".

>>> Lire: Valls déclare le climat "grande cause nationale en 2015"

"On doit changer de mode de développement, ne plus être accroché à l'utilisation du charbon, du pétrole, gaz naturel…", insiste le climatologue qui s’est peu à peu imposé comme l’une des principales figures françaises de la lutte internationale contre la dérive climatique.

Il avait déjà remis un rapport l'an dernier à François Hollande et discuté avec lui des conclusions du Giec. Une sensibilisation qui a payé à en croire les propos du chef de l'Etat lors de l'ouverture de la conférence environnementale.

>>> Lire: Conférence environnementale: Hollande verdit son discours... et sa politique?

K. L.