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Comment les gènes du cheval ont été modifiés par la domestication

Un cheval lors du spectacle de la Spanish Riding School à Amsterdam, le 29 novembre 2014.

Un cheval lors du spectacle de la Spanish Riding School à Amsterdam, le 29 novembre 2014. - Jeroen Jumelet - AFP

La domestication des chevaux a progressivement modifié leurs gènes, les adaptant progressivement à l'usage qu'en faisaient les hommes.

Les hommes ont peu à peu façonné le cheval afin d'adapter l'animal à leurs besoins. La domestication du cheval a entraîné chez cet animal d'importantes modifications physiologiques, ont révélé lundi les conclusions d'une recherche génétique internationale.

Les chercheurs ont séquencé le génome d'anciens chevaux originaires de Russie à partir d'ossements fossilisés vieux de 16.000 à 43.000 ans, bien avant la domestication de ces animaux qui remonte à environ 5.500 ans. Ils ont comparé ces génomes avec ceux de cinq espèces modernes de chevaux domestiqués.

Les auteurs estiment qu'au moins 13%, et jusqu'à 60% du génome des chevaux d'aujourd'hui provient d'espèces éteintes. Autrement dit, les races domestiquées descendent toutes au moins en partie des anciennes populations chevalines disparues, concluent-ils dans leurs travaux parus dans les comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

Des mutations dues à l'homme

Ces scientifiques, dont le professeur Ludovic Orlando, du Centre de Géogénétique de l'Université de Copenhague, au Danemark, ont également identifié un groupe de gènes sur lesquels la domestication a eu beaucoup d'influence, notamment ceux impliqués dans la formation des muscles, des membres, des articulations et du développement du système cardiaque.

Cela illustre les adaptations physiologiques qui ont apparemment résulté de l'utilisation des chevaux par l'homme au cours des siècles. Les chercheurs ont aussi constaté des mutations génétiques liées au comportement social du cheval et à ses capacités d'apprentissage, qui reflètent également le processus de domptage de l'animal.

Une perte de diversité et l'extinction d'espèces

Mais le génome des chevaux modernes contient en outre un grand nombre de mutations génétiques néfastes qui résultent de la domestication, et qui ont entraîné une forte perte de diversité génétique et l'extinction des espèces sauvages.

"Nous avons probablement mis au jour les gènes dont les mutations ont permis de faire du cheval un animal de transport", relève le professeur Beth Shapiro, chef du laboratoire de paléogénomique à l'Université de Californie à Santa Cruz, un des principaux co-auteurs de cette recherche.

"Nous avons pu identifier les gènes contrôlant le comportement du cheval et sa réponse à la peur", relève quant à lui le professeur Orlando. "Ces gènes pourraient bien avoir été la clé pour transformer des animaux sauvages en des chevaux dociles, comme ceux que nous connaissons", ajoute-t-il.

Ce phénomène avait déjà été constaté pour des plantes cultivées comme le riz et d'autres animaux comme les chiens. Les chevaux n'en sont qu'un autre exemple.

A. D. avec AFP