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Covid-19: un retour à la normale seulement en 2022 ou 2023?

Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, a estimé que l'épidémie de Covid-19 ne prendrait fin qu'en 2022 ou 2023, et qu'un nouveau variant devrait apparaître "dans le courant de l'hiver". Différents professionnels de santé et scientifiques nuancent ses propos.

"Le retour à la normale, ce n'est pas pour maintenant." Invité ce vendredi matin de BFMTV-RMC, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, a tenu des propos plutôt alarmistes concernant la futur de l'épidémie de Covid-19 en France.

Selon le médecin et professeur, la crise sanitaire prendra fin "peut-être" en 2022 ou en 2023. "Je ne suis pas sûr que ce soit en 2022", a-t-il même admis, avant d'ajouter: "Nous aurons probablement un autre variant qui arrivera dans le courant de l'hiver. Un variant différent, mais je ne sais pas s'il sera plus dangereux."

"Je pense en effet qu'on va avoir probablement un nouveau variant et qu'on est rentrés dans la longueur, c'est pour ça que les mesures prises il faut bien les peser, les peser pour la réponse immédiate (...) mais aussi pour la vision de long-terme, de gestion de la maladie", a-t-il ensuite précisé.

Un virus bientôt endémique?

Pour Mircea Sofonea, spécialiste de la modélisation de maladies infectieuses à l'université de Montpellier, "ce n'était peut-être pas le moment de dire ça", a-t-il estimé ce vendredi soir sur BFMTV. S'il reconnaît que le virus "est parti pour devenir endémique", il admet qu'il sera possible d'éliminer "la pression sanitaire qu'il peut exercer sur une population", notamment avec les vaccins.

"L'important c'est qu'on puisse avoir les moyens de prévenir les formes graves. Il y aura ensuite une endémicité légère, en termes d'impact hospitalier, parce que les personnes qui ne seront pas immunisées seront les nouvelles générations. Elles se contamineront dans le plus jeune âge, feront des formes légères et seront immunisées toute leur vie", a-t-il expliqué.

Impossible de prévoir l'arrivée d'un variant

Mais selon lui, aucune donnée ne permet encore de dire "quand un variant va apparaître et de quelle nature il sera": impossible de prévoir l'arrivée d'un nouveau variant en hiver ou au printemps 2022, même si le risque d'une tel événement est possible.

"Il y a plusieurs milliards de virus, de particules virales, qui sont créés autour d'une infection, ou lors de dizaines de cycles de réplication il peut y avoir une mutation qui se fixe. Mais ça ce n'est pas un variant mais un mutant. La probabilité pour qu'un mutant ait une propriété différente, qu'il soit plus contagieux ou qu'il échappe au vaccin, est extrêmement faible. C'est un événement aléatoire et on ne peut pas le prévoir. Il y a toujours des opportunités pour le virus de muter. Au bout d'un moment, il y aura la possibilité pour que le virus donne lieu à un variant. Mais on ne peut pas dire quand ça sera", a détaillé Mircea Sofonea.

Un message de prévention

Jean-Pierre Thierry, un médecin spécialisé en santé publique, est persuadé que Jean-François Delfraissy a simplement voulu faire de la pédagogie: "Le message que passe M. Delfraissy est un message important. De la même façon que le président avait resensibilisé la France à la réalité de la menace pandémique."

Le conseiller médical de l'organisation France Assos Santé s'est cependant montré optimiste. Selon lui, à la fin de l'année, la France aura un niveau de protection vaccinale suffisant permettant de ne pas reconfiner. De plus, en 2022, "le niveau d'immunité collectif sera bon" ce qui limitera les conséquences de l'apparition d'un variant échappant à la vaccination ou plus virulent.

Il y aura cependant un problème, à savoir le fait que tous les pays du monde ne seront pas égaux face aux vaccins et qu'il y aura un contrôle nécessaire des frontières à mettre en place.

Pour le président du Conseil scientifique, l'inégalité mondiale devant la vaccination sera, par ailleurs, "l'enjeu majeur" des deux années à venir.

Clément Boutin Journaliste BFMTV