Covid-19: un épidémiologiste dénonce l'arrêt par l'État du financement d'une partie de la recherche
Un désengagement de l'État dans la recherche sur le Covid-19? L'épidémiologiste Mircea Sofonea assure ce dimanche sur BFMTV que certains financements, permettant de mener des projections sur l'évolution du virus, ont été arrêtés, malgré la poursuite de l'épidémie. Une "première", selon lui.
"C'est la première fois depuis presque deux ans et demi qu'il n'y a pas de projections publiques en France sur l'actuelle vague", dénonce-t-il.
"Cela s'explique par plusieurs paramètres. (...) Il se trouve qu'il y a un manque de moyens dans la recherche, un désintérêt aussi de l'État et donc un manque de financements sur cette activité", assure-t-il.
L'épidémiologiste s'inquiète spécifiquement pour les financements des recherches scientifiques permettant de réaliser des projections de l'évolution du virus et de prévoir les prochaines vagues.
Des chercheurs pas prolongés après 2023
Pour l'épidémiologiste, si le financement de la recherche des projections épidémiologistes "coûte moins d'argent que de développer des vaccins", il estime que "ce sont des moyens qui peuvent être mis en place par l'État".
"Malgré l'enjeu sanitaire, l'État s'est désengagé de cette dynamique", déplore-t-il.
L'arrêt de ces financements a des conséquences concrètes sur le travail des recherches, pour Mircea Sofonea.
"J'ai, par exemple, des personnes dans mon équipe, qui n'a pas grossi depuis le début de l'épidémie de Covid, qui seront malheureusement en arrêt de contrat en 2023", assure-t-il.
La course aux financements
Le chercheur explique que pour compenser ce manque de moyens, son équipe doit postuler à des projets pour trouver d'autres moyens de financements.
"Ça veut dire qu'on passe beaucoup plus de temps à essayer d'avoir des financements pour pérenniser certains chercheurs précaires dans l'équipe ne serait-ce que pour maintenir l'activité de projection. Ce manque de temps impacte aussi la recherche", s'inquiète-t-il.
L'épidémie de Covid-19 connaît un rebond en ce début d'été avec un taux d'incidence du virus qui a grimpé de 67% en sept jours et un taux d'hospitalisation qui est monté de 26%.