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Santé

Covid-19: d'après "The Lancet", mélanger les vaccins augmente les risques d'effets secondaires

L'étude publiée par The Lancet mercredi démontre qu'un mélange entre deux vaccins aux techniques différentes augmenterait les effets secondaires légers.

L'étude publiée par The Lancet mercredi démontre qu'un mélange entre deux vaccins aux techniques différentes augmenterait les effets secondaires légers. - GABRIEL BOUYS © 2019 AFP

Une étude de la revue scientifique The Lancet, parue mercredi, met en lumière une hausse des effets secondaires chez les patients ayant reçu deux doses de vaccins différents. Un cas de figure qui doit concerner près de 500.000 personnes en France.

C'était l'une des grandes inconnues: existe-t-il des conséquences pour les patients ayant reçu deux doses de vaccins différents contre le Covid-19? C'est la question sur laquelle s'est penchée la revue scientifique The Lancet, dans son étude publiée mercredi. Il en ressort que se faire vacciner avec deux vaccins aux techniques différentes augmenterait légèrement les effets secondaires. Ce sujet intéresse particulièrement les autorités sanitaires en France, qui y voient l'opportunité d'accélérer encore un peu plus la campagne de vaccination. Mais aussi car 500.000 personnes, parmi lesquelles beaucoup de personnels soignants, sont concernées par ce cas de figure, en ayant reçu une dose d'AstraZeneca avant que le vaccin ne soit réservé aux plus de 55 ans.

Lancée mi-février au Royaume-Uni, l'étude intitulée Com-Cov s'est basée sur trois prises de sang et sur les témoignages de 830 participants de plus de 50 ans. Elle a comparé quatre combinaisons possibles entre AstraZeneca et Pfizer, deux vaccins aux techniques différentes, l'un étant à vecteur viral, l'autre à ARN messager.

Des symptômes grippaux classiques

Les témoignages démontrent que le mélange de vaccins provoque davantage d'effets secondaires légers: 34 % des 110 receveurs d’AstraZeneca en première dose et Pfizer en rappel disent ressentir de la fièvre, contre seulement 10% des 112 receveurs d'AstraZeneca uniquement. Les effets secondaires recensés par l'étude sont assez classiques et se rapprochent de symptômes grippaux: fièvre, maux de tête, douleurs musculaires. Et selon les résultats de l'étude, ils s'estompent assez rapidement:

"Il n'y a eu aucune hospitalisation en raison de symptômes sollicités, et la majeure partie de cette augmentation de la réactogénicité (réponse immunologique excessive à un vaccin, NDLR) a été observée dans les 48 heures suivant l'injection", peut-on lire dans The Lancet.

Les auteurs de la revue préviennent cependant que ces effets secondaires pourraient augmenter en intensité chez les plus jeunes. Or, la question du mélange des vaccins les concerne principalement, puisque de nombreux pays ont reservé la vaccination d'AstrastraZeneca aux personnes les plus âgées à la suite de rares cas de thromboses. En France, où depuis le 19 mars le vaccin AstraZeneca est reservé aux plus de 55 ans, ce sont plus de 500.000 personnes qui ont reçu une première dose du vaccin suédo-britannique et qui doivent désormais recevoir un vaccin à ARN Messager, Pfizer-BioNtech ou Moderna.

Le personnel soignant concerné

Le personnel soignant est particulièrement concerné par cette problématique. En raison du calendrier vaccinal, ils font partie des rares Français de moins de 55 ans à avoir reçu une dose du vaccin AstraZeneca avant les nouvelles recommandations de la Haute autorité de Santé (HAS). Ainsi, les auteurs de l'étude recommandent de ne pas réaliser la deuxième injection simultanément à l’ensemble d’un service hospitalier. Le risque est en effet d'avoir un trop grand nombre de personnes indisposées dans les 48 heures après l'injection.

Un deuxième volet de l’étude Com-Cov est déjà en cours, et concernera toujours des personnes de plus de 50 ans, mais d'autres combinaisons de vaccins interviendront, comme avec Moderna ou Novavax. Même si cette étude est pour le moment rassurante selon les scientifiques, ces derniers préfèrent rester prudents en attendant de nouvelles conclusions plus affinées.

Louis Augry