Cancer du sein: un médicament pour protéger les ovaires de la chimiothérapie

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Outre les nombreux symptômes liés à la chimiothérapie, ce traitement peut aussi avoir des conséquences sur la fertilité des femmes traitées, notamment pour un cancer du sein: il réduit les réserves ovariennes et peut conduire à une ménopause précoce. Si le traitement indiqué comporte des risques importants dans ce domaine, les médecins peuvent conseiller aux patientes de recourir à des techniques de préservation de la fertilité.
Mais des chercheurs du NYU Langone Medical Center affirment avoir trouvé un moyen simple pour protéger les ovaires contre les dommages causés par la chimiothérapie. La solution reposerait sur un médicament, l'évérolimus, déjà utilisé en cancérologie pour ralentir la croissance tumorale de certaines formes du cancer du sein et des reins.
Les essais n'ont été réalisés que sur des souris femelles, mais ils ont montré que celles qui ont reçu cette molécule en parallèle d'une chimiothérapie ont donné naissance à deux fois plus de progénitures que celles traitées avec une chimiothérapie seule.
"L'évérolimus peut représenter un traitement pour la fertilité, qui s'ajouterait à la congélation des embryons, une méthode coûteuse, moins efficace avec l'âge et qui ne garantit pas la protection de la fonction ovarienne à long terme", explique Kara Goldman, premier auteur de l'étude.
Les follicules ovariens sont préservés
Ce traitement présente également l'avantage d'être déjà disponible sur le marché, ce qui peut faciliter la permission de réaliser des études cliniques chez des patientes. Il serait particulièrement conseillé dans ce cadre chez les femmes qui reçoivent une chimiothérapie avec une molécule anticancéreuse appelée cyclophosphamide, qui cible les cancers à croissance rapide mais épuise la réserve ovarienne.
Après avoir constaté qu'aucun laboratoire n'avait tenté l'expérience, les chercheurs ont décidé de voir si l'ajout de l'évérolimus à la chimiothérapie pourrait arrêter cet effet indésirable. Les souris qui ont reçu une chimiothérapie avec ce médicament ont donné naissance à 7,4 petits en moyenne, contre 3,4 pour les souris uniquement traitées avec la chimiothérapie.
En outre, les souris du deuxième groupe ont présenté une réduction de 64% de leur stock de follicules ovariens, des agrégats de cellules localisés dans les ovaires, par rapport aux souris qui ont reçu la combinaison de molécules. Des résultats encourageants car les ovules de souris utilisent les mêmes étapes que leurs homologues humains pour murir. Par ailleurs, la dose qui leur a été administrée a été conçue pour représenter l'équivalent de celle qui sera administrée aux patientes.
Utile pour d'autres cas de figure
Les chercheurs espèrent même savoir si cette approche peut aussi s'appliquer à l'infertilité en général. En effet, la réserve ovarienne s'épuise de façon irréversible jusqu'à la ménopause chez toutes les femmes mais le déclin est plus prononcé chez celles qui souffrent d'une condition appelée insuffisance ovarienne primaire.
Ces femmes connaissent souvent une ménopause avant l'âge de 40 ans, même en l'absence de chimiothérapie. Un médicament permettant d'empêcher un déficit de production de follicules par les ovaires dans cette population plus large serait donc précieux et les chercheurs ont de premières données qui soutiennent le potentiel de l'évérolimus.
Au-delà de la fertilité, ce médicament pourrait également servir pour les femmes qui approchent de la ménopause et qui souffrent de dysfonctionnements hormonaux en raison de cette perte de follicules dans des ovaires vieillissant comme la dépression, une perte osseuse, un dysfonctionnement sexuel et des maladies cardiaques.
"Seuls les résultats des essais cliniques permettront de savoir si ce médicament peut protéger la fécondité et contrer les déficits hormonaux en préservant les follicules, conclut Robert Schneider, l'un des auteurs de l'étude. Notre objectif est de trouver la meilleure dose pour la préservation de l'ovaire, puis d'inclure l'évérolimus dans un essai pour cette utilisation l'année prochaine."