Vélib': le naufrage de Smovengo, le scénario qui inquiète des élus de la mairie de Paris

A la mairie de Paris, des élus d'opposition s'inquiètent d'une déroute financière de Smovengo, le nouvel opérateur du Vélib'. Accumulant les pénalités financières et les difficultés avec des partenaires sur les chantiers, Smovengo est plus que jamais dans la tourmente. Un dossier qui embarrasse Anne Hidalgo et son entourage.
Pourra-t-on un jour utiliser normalement les nouveaux Vélib'? Plus de trois mois après le lancement du Vélib' deuxième génération, le service est toujours quasiment inutilisable. Outre les retards d'installation, Smovengo, l'opérateur qui a succédé à JCDecaux accumule les déboires. Bornes non électrifiées, vélos indécrochables des stations, comptes des utilisateurs bloqués, service d'assistance inefficace et grève des salariés... la liste est longue.
Face au fiasco, le syndicat Autolib' Vélib' Métropole a décidé depuis le mois de janvier d'appliquer des pénalités financières à Smovengo qui s'élèvent désormais à 3 millions d'euros. Un million d'euros supplémentaire devrait être appliqué pour le mois d'avril. A l'issue d'une réunion qui s'est tenue mercredi à la mairie de Paris avec la direction de Smovengo, des élus ne cachent plus leur pessimisme.
"J'ai peur qu'on ne puisse pas vraiment avoir un service de Vélib' à Paris opérationnel avant l'automne", s'inquiète sur BFM Paris Eric Azières, président du groupe UDI-MoDem au Conseil de Paris.
"L'ardoise est considérable"
La facture pourrait donc s'alourdir pour Smovengo, si les pénalités continuent d'être appliquées. A ce dossier déjà bien lourd, un autre élément vient encore noircir un peu plus le tableau pour l'opérateur: un conflit entre Smovengo et le constructeur Colas, qui intervient sur les chantiers de montage des stations Vélib'.
D'après L'Opinion, Smovengo a refusé de payer à Colas les surcoûts entraînés par les retards de chantier. Si Smovengo nous assure ce jeudi que sa "collaboration avec Colas se poursuit aujourd'hui", les élus y voient un mauvais signal pour les autres partenaires, qui pourrait encore coûter cher.
"Si l'on additionne les pénalités de retard, les frais de rupture de contrat avec les partenaires, les remboursements des usagers, le manque à gagner de revenus, les potentiels contentieux sociaux, l'ardoise est considérable", assure dans L'Opinion Jean-Baptiste de Froment, maire LR du 9e arrondissement.
Vélib' va-t-il pousser Smovengo vers la faillite? Derrière lui, l'opérateur du Vélib' peut compter sur d'importants groupes: Indigo, Moventia et Mobivia. Pourraient-ils laisser Smovengo faire naufrage? "En termes d'image, c'est peu probable", indique l'Hôtel de ville de Paris à Libération. Cette semaine, le directeur général de Smovengo Jorge Azevedo a de son côté assuré qu'il avait le soutien de ses actionnaires.
Silence de l'exécutif
L'exécutif devra en tout cas se positionner sur les dysfonctionnements en série lors du Conseil de Paris alors qu'Anne Hidalgo est silencieuse sur le sujet depuis plusieurs semaines, laissant son adjoint Christophe Najdovski suivre le dossier. Son entourage s'illustre aussi par son absence, notamment celle de Catherine Baratti-Elbaz, maire du 12e et présidente du Syndicat Autolib' Vélib' Métropole. Cette dernière n'était pas présente mercredi face à Smovengo à l'Hôtel de Ville.
"Madame Baratti-Elbaz pourrait nous honorer de sa présence quand nous avons des réunions sur Vélib'", s'agace Eric Azières.
Alors que Vélib' s'enfonce, des voix réclament désormais d'arrêter les frais. Des élus de plusieurs groupes, notamment des Parisiens progressistes, constructifs et indépendants (PPCI) et de La France insoumise proposeront la semaine prochaine au Conseil de Paris de rompre le contrat avec Smovengo.
Mais cette option entraînerait une interruption totale du service avec encore de nombreux mois sans Vélib' pour les Parisiens. Lancer un nouvel appel d'offres pour le Vélib' pourrait prendre beaucoup de temps et obliger l'exécutif à mener une nouvelle procédure d'attribution sur ce dossier brûlant, en pleine campagne pour les municipales de 2020.
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