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Une réforme pour équilibrer les retraites en 2018 ?

Le ministre du Travail Eric Woerth a présenté une réforme des retraites dont il attend un retour à l'équilibre des régimes français par répartition dès 2018, notamment grâce à un relèvement de l'âge légal de départ à 62 ans au lieu de 60. /Photo prise le

Le ministre du Travail Eric Woerth a présenté une réforme des retraites dont il attend un retour à l'équilibre des régimes français par répartition dès 2018, notamment grâce à un relèvement de l'âge légal de départ à 62 ans au lieu de 60. /Photo prise le - -

Relevant l'âge légal de départ à 62 ans, la réforme des retraites présentée par Eric Woerth ce mercredi, promet un retour à l'équilibre des régimes par répartition dès 2018. Explications et réactions.

Eric Woerth a présenté une réforme des retraites dont il attend un retour à l'équilibre des régimes français par répartition dès 2018, notamment grâce à un relèvement de l'âge légal de départ à 62 ans au lieu de 60, qui se fera progressivement au rythme de 4 mois par an à partir du 1er juillet 2011. Ce qui permettra d'économiser près de 19 milliards d'euros en 2018, estime le ministre du Travail : « Cette réforme devra permettre de restaurer dans la durée la confiance des Français dans le système des retraites. Cette réforme est un tout. A partir du moment où on respecte cette cohérence, les choses sont évidemment ouvertes », a ajouté Eric Woerth, en précisant qu'il en débattrait avec les partenaires sociaux jusqu'à vendredi.
Selon son projet de réforme, la durée de cotisation devrait être portée à 41,5 ans en 2020, contre 40,5 ans aujourd'hui et 41 ans prévus en 2012, et l'âge légal sera relevé dans les régimes spéciaux à partir du 1er janvier 2017.

Parmi d'autres mesures, le gouvernement propose d'aligner les cotisations retraites des fonctionnaires sur celles du secteur privé en 10 ans et de créer un prélèvement de 1% sur la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu. Il propose également de relever d'un point le prélèvement forfaitaire obligatoire sur les revenus du capital. Le gouvernement propose aussi d'utiliser le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) afin de financer intégralement le déficit du régime général d'ici 2018.

Le FRR, doté de 34,5 milliards d'euros d'actifs, était censé couvrir à partir de 2020 une partie des besoins de financement des régimes de retraite du secteur privé. « Je ne serai pas de ceux qui racontent aux Français que le FRR est une solution pour dans 20 ans et qu'y toucher maintenant serait criminel », a déclaré Eric Woerth. Selon un tableau diffusé par le ministère, la réforme permettra de ramener le déficit des régimes de retraites à 7,8 milliards d'euros en 2015, au lieu de 16,8 milliards prévus en 2010, et à l'équilibre en 2018.

« En 2018, ce sera le trou noir ! »

Un équilibre auquel Marisol Touraine, députée d’Indre et Loire et secrétaire nationale du PS chargée du dossier des retraites, ne croît pas une seconde : « Cette réforme est profondément injuste et irresponsable. Parce que ceux qui vont trinquer sont ceux qui ont commencé à travailler jeune. Et en 2018, ce sera le trou noir ! […] Parce qu’on va aller pomper dans le fonds de réserve des retraites. […] On voit bien que l’enjeu pour le gouvernement n’est absolument pas de garantir aux Français des retraites dans la durée, mais de camoufler le déficit public avant 2012 pour que Nicolas Sarkozy aborde favorablement les Présidentielles. »

De son côté, persuadé que « l’équilibre sera établi en 2018 », le député Arnaud Robinet, secrétaire national de l'UMP chargé de la réforme des retraites, défend « une réforme responsable et juste. Parce qu’elle reconnaît que pour mettre fin au déficit de nos régimes de retraite, il n’y a pas d’autre solution que de travailler plus longtemps, comme partout ailleurs en Europe. Parce qu’elle prend notamment en compte la pénibilité, les carrières longues… »

Un léger excédent de 100 millions d'euros en 2020

Le gouvernement estime même que la réforme, dont les détails n'ont été transmis aux partenaires sociaux que quelques minutes avant la conférence de presse d'Eric Woerth, permettra de rétablir un léger excédent de 100 millions d'euros en 2020.
Si rien n'est fait, le déficit des 35 régimes obligatoires français pourrait atteindre près de 50 milliards d'euros par an en 2020 et plus de 100 milliards en 2050 (contre 2,2 en 2006), a calculé le Conseil d'orientation des retraites en avril. En 2020, le régime général, qui concerne aujourd'hui plus de 12 millions de retraités du privé, et celui de la fonction publique d'Etat seraient chacun en déficit d'environ 20 milliards chaque année, selon cette instance qui associe partenaires sociaux, parlementaires, représentants de l'Etat et experts.

En Conseil des ministres le 13 juillet

Les partenaires sociaux ont maintenant quelques jours pour donner leur avis sur ce projet de réforme, auquel le président Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon et Eric Woerth ont mis la dernière main mardi soir à l'Elysée. Le projet du gouvernement, assorti des modifications qui pourraient ainsi être retenues, sera présenté en Conseil des ministres le 13 juillet et soumis au Parlement début septembre, a précisé la présidence de la République.

La Rédaction, avec Reuters