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Politique

Thème 5: La proportionnelle à l'Assemblée

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Le débat sur la proportionnelle à l'Assemblée Nationale fait réagir Hervé Mariton et Manuel Valls. Les avis divergent...

J-J B : Que pensez vous de la proportionnelle ?
H M : Très mauvaise idée. Je ne suis pas favorable à des députés hors sol comme il y a des élevages hors sol. Si un type comme moi peut avoir une liberté de ton, et penser servir à quelque chose en tant que député, en disant librement ce que je pense, en faisant bouger les choses, c'est bien parce que je suis venu dans une circonscription, ce n'est pas mon parti qui me nomme. Le jour où il y aura la proportionnelle, le député est nommé par son parti et je pense que ce n'est pas une bonne chose.
M V : Et en même temps, qu'il y ait une partie de représentation politique de ce pays qui s'exprime à l'occasion de la présidentielle, qui ne soit pas représenté à l'Assemblée Nationale, pose un problème. Mais trente députés à la proportionnelle ca n'a aucun sens. Mais ce n'est pas du domaine constitutionnel je voudrais le rappeler.
H M : Pour le cumul des mandats c'est la même chose. Je pense qu’ être maire et député ca permet d'avoir des choses solides dans la tête et c'est un aller-retour tout à fait intelligent entre la responsabilité nationale et la responsabilité locale. Je crois que dans ce domaine il faut éviter tout intégrisme.

J-J B : Donc on ne change rien ?
H M : Mais on a changé et il y a sans doute encore des changements à faire. A une époque il y avait trop de cumuls ; j'ai été à une époque, jeune député, jeune maire, et vice président du conseil régional de ma région. C'était surréaliste, j'avais l'impression d'être un sac de pomme de terre promené dans une voiture d'un endroit à l'autre de la région. Les électeurs ont jugés puisqu'en 1997 je me suis fait battre comme député, donc le cumul parfois se règle tout seul. Mais le législateur au fil du temps à pris des dispositions qui aujourd'hui me paraissent relativement adaptées, pas plus de deux mandats. Il y a bien la proposition qu'il faut prendre en compte les responsabilités intercommunales, donc ca ne doit pas être plus de deux mandats, et calculés de manière assez rigoureuse et sèche. Vécu comme c'est vécu aujourd'hui ca me parait plutôt bien.
M V : Un député élu dans une circonscription avec la possibilité d'être conseiller municipal ou conseiller général permettrait d'avoir ce lien de toute façon avec le terrain. Si on me demandait de choisir dans les mois qui arrivent par exemple, je pense que je choisirait de garder la mairie d'Evry ; c'est un peu plus compliqué que ça, tant ce mandat me passionne mais on arrivera au non-cumul. La condition c'est évidemment que les pouvoirs de contrôle, d'investigation, le rôle du parlementaire soient accrus ; c'est ce qui est intéressant dans le rapport de la Commission Balladur. La proportionnelle, le non-cumul, c'est pas forcément de l'ordre constitutionnel. L'essentiel, ce sont de nouveaux pouvoirs donnés au Parlement et je pense qu'il faut que le Parti Socialiste réfléchisse bien et ne passe pas à côté de cette occasion. Il faut évidemment attendre le texte qui sera soumis à un moment ou l'autre et qui sera la vraie réforme constitutionnelle.
H M : Oui c'est le rôle du Parlement. Evitons de conclure trop vite et, ce qui me choque dans la Commission Balladur, c'est la redéfinition du rôle du Président et du Premier Ministre et donc au fond un exécutif clairement identifié sur le Président, et sur lequel il n'y a plus de contrôle. De mon point de vue, pour qu'il y ait contrôle il faut qu'il y ait sanctions. Aujourd'hui au moins le Parlement peut sanctionner le Premier Ministre mais si demain on nous dit que c'est un truc transparent qui se cache derrière le Président, comment surveille-t-on et comment sanctionne t-on.
M V : Je suis d'accord, il faut enlever de la réforme constitutionnelle tout ce qui concerne le Président de la République, il a déjà beaucoup de pouvoirs, et se consacrer uniquement au rôle du Parlement.

La rédaction-Bourdin & Co