Réforme des retraites: Olivier Dussopt, ministre sous pression et bouc émissaire de l'opposition
Une réforme controversée et un ministre dans l’œil du cyclone. Tandis que ce vendredi marque l'ultime journée d'examen de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, le ministre du Travail Olivier Dussopt encaisse les coups et continue d'être mis sous pression.
Dernier signe de ces tensions, le vif échange jeudi entre le ministre et le député socialiste Jérôme Guedj, qui l'a accusé de ne pas donner les bons chiffres en ce qui concerne la retraite à 1200 euros. "Vous perdez les pédales depuis quelques jours" et "vous ne savez pas comment vous refaire la cerise", lui a répliqué Olivier Dussopt, visiblement irrité.
Injures, invectives et provocations
Il faut dire que depuis le début des débats au palais Bourbon, le successeur d'Élisabeth Borne rue de Grenelle est victime de critiques, invectives et provocations qui vont parfois loin.
Le 9 février, le député insoumis de Seine-Saint-Denis Thomas Portes a provoqué une polémique pour avoir posé le pied sur un ballon à l'effigie du ministre. Un cliché pour lequel il a été sanctionné d'une exclusion de 15 jours de l'Assemblée. Quelques jours plus tard, un autre insoumis, Aurélien Saintoul, l'a qualifié d'"assassin" devant un hémicycle médusé. Une sortie pour laquelle il s'est excusé, mais qui lui a valu un retrait d'une partie de son indemnité parlementaire pour un mois.
Un climat explosif que le ministre vit difficilement, selon les confidences de certains de ses collègues à l'Assemblée.
"Ce mot (assassin, ndlr) a eu sur lui comme s’il prenait une balle de revolver", explique auprès de BFMTV Philippe Vigier, député MoDem d’Eure-et-Loir.
"Il a souhaité quitter l’hémicycle tout de suite, ce qui est normal, nous avons été quelques-uns à l’entourer, l’accompagner pour dénoncer cette injustice et lui apporter le soutien moral nécessaire dans ces moments-là", ajoute l'élu.
Invité ce vendredi de BFMTV et RMC, le ministre est revenu sur ces événements, soulignant qu'"il y a des mots qu'on ne pardonne pas, tout simplement."
"L'incident est clos pour moi, mais ce n'est pas parce qu'il est clos qu'il est pardonné", ajoute-t-il.
Ministre et bouc émissaire
Lors de débats houleux à l'Assemblée nationale, en particulier pour des réformes impopulaires, le ministre en charge du dossier fait bien souvent office de bouc émissaire.
En 2010, déjà à la faveur d'une réforme des retraites très contestée mais voulue par Nicolas Sarkozy, le ministre du Travail d'alors, Éric Woerth, désormais député de la majorité, avait été violemment tancé lors des débats au Palais Bourbon.
"Il y avait des moments où on avait failli en venir aux mains. J'avais moi-même été beaucoup insulté pendant très longtemps, mais il y avait des moments d’apaisement dans le débat", nuance le principal intéressé auprès de BFMTV.
Conséquence de ces derniers épisodes, conjugués à la prolifération de menaces de mort et insultes homophobes sur les réseaux sociaux, la sécurité autour d'Olivier Dussopt a été renforcée. La protection autour de lui est passée de 1 à 3 agents de sécurité, qui sont également à ses côtés lors de son temps libre.