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Parlement

Débat sur l'IVG: l'opposition parle de "barbarie", "commerce", "censure" pour qualifier le texte

L'Assemblée nationale examinait ce jeudi la proposition de loi socialiste visant à pénaliser les sites de "désinformation" sur l'IVG. Des membres de l'opposition n'ont pas manqué de montrer avec force leur désaccord.

L'opposition de la droite n'aura pas empêché jeudi le vote, en première lecture, à l'Assemblée nationale de la proposition de loi socialiste visant à pénaliser les sites de "désinformation" sur l'IVG. Dans une atmosphère parfois houleuse, la ministre aux Droits des femmes Laurence Rossignol a soutenu le projet de "consolider le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps", en martelant que "la liberté d'opinion n'est pas le droit au mensonge". Dans l'hémicycle, la droite, a placé le débat sur le terrain de la "liberté d'expression".

"Destruction de notre civilisation"

Le député Jacques Bompard (Ligue du Sud, extrême droite) connu pour ses positions anti-avortement s'est lancé dans une tirade contre le texte. "Je veux vous rappeler aujourd'hui que nous serons tous jugés. Jugé pour avoir préféré le grand rassemblement à la politique nataliste, la destruction de notre civilisation plutôt que la nation des mères et des familles nombreuses", a-t-il lancé. "Jugés enfin pour avoir laissé des personnes comme vous présider aux destinées de notre pays en l'inscrivant dans les plus clairs retours à la barbarie", a-t-il ajouté.

"Une pure prestation commerciale"

Jean-Frédéric Poisson (Parti chrétien-démocrate) a qualifié le texte "d'imprécis". "Il fait de l'interruption volontaire de grossesse une pure prestation commerciale à propos de laquelle aucune information mensongère ne peut être tolérée sans sanction", a-t-il avancé. "D'ailleurs les termes employés dans votre article unique, madame le rapporteur, sont repris directement de l'article L122-1 du code de commerce, c'est un symbole dont nous devrons prendre toute la portée", s'est-il emporté. Selon lui, si les sites gouvernementaux diffusaient "une information de manière complète et objective probablement que ces sites n'existeraient pas".

"Bâillon et censure"

Philippe Gosselin (Les Républicains) a insisté sur le fait que le sujet "n'était pas tant la question de l'IVG ici que celui d'une liberté fondamentale qui est la liberté d'expression". "La vérité et l'information naissent du débat et de la contradiction pas du bâillon et de la censure comme ce texte veut nous le faire", a-t-il regretté.

La proposition de loi des socialistes et écologistes réformistes propose dans son article unique l'extension du délit d'entrave à la diffusion ou transmission "par tout moyen, notamment par des moyens de communication au public par voie électronique ou de communication au public en ligne, des allégations, indications ou présentations faussées et de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif" sur l'IVG ou à "exercer des pressions psychologiques" sur les femmes s'informant sur une IVG, voire leur entourage.

E. M., C. C. avec AFP