Cazeneuve s'emporte contre "les mises en causes injustes" contre Taubira
La lutte contre le terrorisme était une nouvelle fois au cœur des questions au gouvernement mardi à l'Assemblée nationale. Olivier Marleix a interrogé la Garde des Sceaux au sujet des 250 Français revenus du jihad en Syrie, "libres d'aller et venir sur notre territoire comme bon leur semble", selon le député Les Républicains.
C'est le ministre de l'Intérieur qui a répondu, ce qui a déclenché une bronca sur les bancs de la droite, qui attendait Christiane Taubira.
Certains ont cru y voir une interdiction de micro et d'autres un refus de prendre la parole.
"Je voudrais d'abord vous remercier pour la chaleur de votre accueil qui me va droit au cœur", a glissé avec humour Bernard Cazeneuve avant de monter progressivement dans les tours, pour dénoncer les "contre-vérités" qu'il venait d'entendre et prendre la défense de Christiane Taubira.
"Le sujet de la lutte contre le terrorisme mérite beaucoup mieux que des contre-vérités et des mises en cause injustes de ministres qui, comme la Garde des Sceaux sur la question lutte contre le terrorisme, donnent le meilleur d'eux-mêmes", s'est emporté le ministre de l'Intérieur.
Sur 250 jihadistes, "il y a eu 232 interpellations, 168 incarcérations, 60 contrôles judiciaires", a-t-il détaillé. "Sur la question de la lutte contre le terrorisme, le ministère de la Justice et le ministère de l'Intérieur, comme en témoigne l'excellence des relations entre le parquet antiterroriste et les services de police, agissent de concert", a-t-il ajouté. Par ailleurs, Bernard Cazeneuve a affirmé que 18 filières de recrutement jihadiste avaient été démantelées en 2015, et onze attentats déjoués, dont six entre le printemps et la fin 2015.
Un peu plus tôt dans la journée, il s'en était pris à ceux qui critiquent "sans analyse" des "failles" du renseignement français dans la lutte antiterroriste.
Manuel Valls met en avant le "patriotisme généreux" à la française
Pour la première séance de l'année, pour laquelle Claude Bartolone a repris sa place au perchoir après ses soucis de santé, la déchéance de la nationalité a également passionné les parlementaires.
Le patron des députés Les Républicains a prévenu qu'il n'accepterait pas de "marché de dupe" et que si la loi était votée, elle devait être appliquée. Le chef de file du Front de gauche, André Chassaigne, a lui demandé "solennellement" le retrait de cette mesure qui "met à mal l'unité de la République". Manuel Valls a répondu calmement à ses deux détracteurs et indiqué qu'il présenterait lui-même la révision constitutionnelle au Parlemen et défendu un "patriotisme généreux".
Une passe d'arme a en revanche eu lieu avec l'écologiste Noël Mamère. "Après le tournant social libéral, les aventures militaires, vous êtes en train d'enfoncer un clou de plus sur le cercueil de la gauche", a martelé le député EELV.
"Vous ne comprenez rien, ni à la France ni à la gauche", lui a répliqué Manuel Valls.