Nouvelle audition de Takieddine, acteur-clef du dossier Karachi

Ziad Takieddine arrive au pôle financier du tribunal de Paris pour une nouvelle audition par le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke. Mis en examen pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" depuis début septembre, il est soupçonné d'avoir organ - -
PARIS (Reuters) - Ziad Takieddine, mis en examen dans une affaire de corruption présumée lors de la présidentielle de 1995, était de nouveau auditionné mercredi par le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, a-t-on appris de source judiciaire.
A son arrivée au pôle financier du tribunal, l'homme d'affaires franco-libanais a dit attendre "beaucoup" de cette nouvelle audition. "On a étudié le dossier, on a fait du bon travail, on est allé en profondeur afin de répondre aux questions du juge", a-t-il dit aux journalistes.
Mis en examen pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" depuis début septembre, il est soupçonné d'avoir organisé le détournement d'une partie des commissions versées en marge de deux contrats d'armement pour financer en 1995 la campagne d'Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.
Dans une demi-douzaine d'entretiens avec la presse la semaine dernière, il a évoqué ses liens avec Nicolas Sarkozy et Claude Guéant auxquels il demande de reconnaître son rôle.
Il dit avoir été mandaté notamment par l'Elysée, au moment où Claude Guéant était secrétaire général, auprès du régime Kadhafi en Libye et auprès de Bachar al Assad en Syrie.
Il a par ailleurs appelé Nicolas Sarkozy à lever le secret-défense sur les deux contrats d'armement des années 1990 avec le Pakistan et l'Arabie saoudite au coeur de l'affaire, une demande non suivie d'effet pour l'instant.
Sur BFM TV, il avait même demandé à Nicolas Sarkozy de le recevoir, ajoutant : "Il y a intérêt et la France y a intérêt."
Le juge Renaud Van Ruymbeke est sur la piste d'une possible dérivation de commissions légales convenues en marge d'une vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates en Arabie saoudite (200 millions d'euros).
Le juge croit possible que Ziad Takieddine ait organisé le retour en France d'une partie de cet argent via des comptes off-shore au Luxembourg et, in fine, des retraits d'espèces en Suisse. Le magistrat a démontré qu'à l'arrivée, dans les comptes de campagne d'Edouard Balladur en 1995, avaient été versés au moins trois millions d'euros en espèces.
Deux proches de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire, sont mis en examen pour ces faits présumés et doivent être prochainement réinterrogés.
Thierry Lévêque et Anthony Paonne, édité par Sophie Louet