Nos députés travailleront-ils lundi de Pentecôte ?

Lundi de Pentecôte est redevenu, il y a trois ans, un jour férié. Mais rien n'empêche une entreprise de choisir cette date pour marquer la journée de solidarité qui, elle, est restée obligatoire. Qu'ont choisi de faire nos députés qui ont voté cette loi ?

Depuis la loi d'avril 2008, le lundi de Pentecôte est redevenu un jour férié comme les autres, après avoir été pendant six ans la date unique choisie pour marquer la journée de solidarité instaurée après la canicule de 2002. Cette dernière étant restée obligatoire, elle peut être effectuée par les salariés sur l'ensemble des jours fériés de l'année, au choix de leur employeur. Lundi prochain sera donc pour certains un jour chômé; pour d'autres une journée de travail ordinaire; et pour les derniers un jour de solidarité. Mais qu'ont choisi de faire ceux qui ont voté cette loi ?

« Débile de faire travailler les gens quand il fait beau »

Le député « Debout la République » de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, a décidé de passer une journée chômée. « Je trouve débile de faire travailler les gens quand il fait beau et que la vie est belle, et d'être en congé quand il pleut au mois de novembre. Donc je préfère travailler quand il pleut et me reposer quand il fait beau, voila. je dois être un peu simplet... ». Ca, c'est donc l'école farniente. Pour l'école besogneuse, il faut se tourner par exemple vers l'UMP Hervé Mariton, député de la Drôme. « Moi, ma conviction, c'est de travailler. Je considère qu'il n'y a pas de limite au travail que l'on doit fournir, en tout cas dans mon engagement comme député », estime-t-il. « Mais je ne demande pas à tous les Français de faire la même chose, rassurez-vous ».
Une position partagée, de manière peut-être plus surprenante, par la très catholique Christine Boutin (Parti Chrétien démocrate). Elle ne commémorera pas la descente de l'esprit sain sur les apôtres de Jésus-Christ, car elle « travaille tout le temps ».

« Quand vous voulez être réélu, vous faites du terrain »

Le socialiste Pierre Moscovici, lui, a décidé de « prendre un jour pour aller à Prague en long week-end ». Ainsi, de nombreux députés ont-ils fait le choix de ne pas chômer lundi, alors même que l'Assemblée nationale sera fermée. Marie-Jo Zimmerman, députée de Moselle UMP, a peut-être une explication: « Quand vous voulez être réélu, et bien il n'y a pas trente-six solutions: vous faites du terrain », admet-elle.
Certains pourtant, ont opté pour une autre formule. Faire croire qu'ils travaillent. Yves Cochet, député Europe Ecologie-Les Verts, va « travailler en chômant ». Il précise, avec le sourire: « Je n'irai pas à l'Assemblée, mais il y a beaucoup de travail préparatoire à la maison. Donc c'est ce que je ferai...». Enfin, il y a ceux qui seront mobilisés contraints et forcés, à l'image d'Eric Raoult (UMP, Seine-Saint-Denis), qui sera en mission pour surveiller les élections en Turquie. Mais il concède que « c'est pas franchement des vacances, mais c'est pas vraiment du travail non plus ».

La Rédaction et H. Perrier