Mélenchon supporter de l'OM: "Si c'est un calcul politique, ce ne sera pas payant", estime Tapie

La qualification olympienne ce jeudi soir pour la finale de la Ligue Europa, une des deux coupes d'Europe footballistiques, aux dépens des Autrichiens de Salzbourg, a échauffé les têtes marseillaises dans une ville qui n'avait plus connu pareil rendez-vous continental depuis quatorze ans. Le sésame a aussi ravi une figure de la ville, engagée dans une tout autre partie. C'est en plein dans son traitement contre le cancer de l'estomac que Bernard Tapie, patron du groupe La Provence et ancien patron de l'Olympique de Marseille entre 1986 et 1994, a assisté à l'accession à la dernière marche de la compétition européenne de son ancien club.
La semaine dernière, c'est depuis les tribunes que Jean-Luc Mélenchon, député insoumis élu à Marseille et fort peu porté jusqu'ici sur le football de son propre aveu, avait vu, lui, les joueurs de l'OM triompher de Salzbourg au match aller. Interrogé ce vendredi soir sur notre antenne par Ruth Elkrief au sujet de ce soutien, Bernard Tapie, qui fut ministre de la Ville sous Pierre Bérégovoy, n'y a pas vu malice: "Quand vous êtes à Marseille, il n’y a qu’un lieu où il y a une communauté d’idées, d’envies, à la fois sur le plan de la classe sociale, des nationalités, des croyances, c’est le stade. En sept ans de présidence, je n’ai jamais eu une plainte de délinquance dans le stade".
"Il a été pris par l'ambiance"
Il a poursuivi: "Je crois que Jean-Luc Mélenchon a été pris par une ambiance qu’il n’avait jamais connue, mais ça ne va pas plus loin que ça." De toute façon, si Bernard Tapie n'a pas vu derrière cette soirée de Jean-Luc Mélenchon dans les hauteurs du Vélodrome une démarche politique, il estime qu'un tel pari porterait à faux:
"Les Marseillais ne sont pas trop cons. Ils font une différence entre s’initier à cette passion et donner sa voix à la personne. (...) Il y a eu un grand président avant moi à l’OM, Marcel Leclerc, qui a été champion de France avec le club. Il a cru que les élections municipales étaient dans la poche, il a fait 2%. Si c’est un calcul, je ne crois pas qu’il soit pas payant." Bernard Tapie a cependant affirmé que le leader de la France insoumise "affichait" son intention de décrocher la mairie de Marseille en 2020.
Mélenchon s'intéresse plus à la "fierté marseillaise" qu'à la mairie
Il y a peu, sur son blog, Jean-Luc Mélenchon, qui a partagé jeudi soir son émotion devant le match retour sur les réseaux sociaux, avait déjà répondu aux soupçons d'opportunisme autour de son déplacement au stade Vélodrome. Ce mercredi, à la veille de la qualification de l'Olympique de Marseille en Autriche, il avait vertement balayé les procès en électoralisme sous couvert de supportérisme: "Bien sûr, ma présence fut interprétée comme un geste à vocation municipale. C’est le maximum de ce qu’une cervelle de commentateur parisien peut imaginer."
Dans ce même billet, il livrait ensuite le motif de son intermède sportif: mieux s'expliquer la fierté marseillaise. "J’ai connu des villes de banlieue où les gens ne savaient pas se nommer. Et des villes d’ennui si profond qu’on s’ignore soi-même. (...) Ici, personne ne doute d’être marseillais". Et, pour percer le mystère, il lui a semblé nécessaire de le prendre sur le vif au Vélodrome. Célébrant le jeu et les ballets des supporteurs dans les tribunes, "cette incroyable discipline du désordre", il liait ensuite la passion de Marseille pour son Olympique et sa fibre politique:
"Fumerolles et pétards des manifs syndicalo-politiques, houles du Vélodrome, ce sont les rugissements des Marseillais. Voilà comment jaillit la lave populaire qui fabrique Marseille. Sur les flancs du volcan, à chaque irruption, elle inonde les flancs des collines et grossissent l’humus sur lequel poussent les Marseillais."