Manuel Valls, poids lourd du gouvernement

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls est aussi populaire à gauche qu'à droite ! 73% de bonnes opinions à gauche malgré ses propos sur les Roms ! Le ministre fait-il peur avec son insolent succès ?
Non, en coulisses il ne fait peur ni à la gauche ni à la droite. A gauche parmi les membres du gouvernement, on est même sûrs que les sondages vont faire pschiittt. Pourquoi ? « Manuel est bon dans son ministère mais il n'y connait rien en économie », m'a dit le conseiller d'un ministre. « Avec son air martial, il ne serait bon qu'à la Défense, Bercy ce n'est vraiment pas pour lui, Matignon non plus parce qu'il faut s'y connaître en économie ». Voilà Manuel Valls habillé pour l'hiver. Parmi ses proches on est moins critique mais un député socialiste est lucide : « Manuel est un homme politique. Pour devenir un homme d'état, il faudrait qu'il s'intéresse au monde, aux Etats Unis, à la Chine ». Il a encore du chemin à faire...
Mais il est sollicité par tous les élus socialistes pour la campagne des municipales !
C'est justement ce qui explique sa popularité. Un conseiller décrypte ainsi la « vallsmania » : « Manuel est populaire sur des sujets locaux, les maires qui en ont marre de gérer le problème des Roms, mais pas sur la bataille à mener contre l'insécurité ». Même son de cloche à droite. Un ancien ministre de Nicolas Sarkozy m'a dit hier soir au téléphone : « Valls, c'est une posture, en un an et demi pas de grande réforme et pas de résultats ». C'est pourquoi il va maintenant conforter sa popularité en s'érigeant comme un rempart contre la montée du Front national.
Quel est son plan ?
Aller dans les villes marquées par une forte poussée du FN. Première étape demain : Forbach en Moselle. Forbach c'est très symbolique : c'est la ville où se présente en mars prochain Florian Philippot, le numéro deux du Front National. Marine Le Pen a qualifié Manuel Valls d'arriviste. Elle l'encourage à s'occuper des délinquants plutôt qu'à se lancer dans une campagne anti-FN.
Il se lance dans cette campagne avec la bénédiction de l'Elysée ?
Oui, Manuel Valls est l'atout du gouvernement pour les municipales. La gauche vient de perdre le canton de Brignoles dans le Var. Dixième élection cantonale partielle perdue et un FN qui caracole à 40% au premier tour ! Donc oui, Manuel Valls a carte blanche « mais il doit avancer sans arrogance », m'a dit l'un de ses proches. « Surtout ne pas se laisser griser ». On peut compter sur Jean Marc Ayrault pour rappeler à son ministre la ligne à ne pas franchir.
La semaine dernière lors des deux séances aux questions d'actualité, Jean-Marc Ayrault a répondu deux fois à la place du ministre de l'Intérieur. C'est rarissime. Normalement le Premier ministre répond aux questions qui lui sont posées, à lui, par les présidents de groupe. Une façon de rappeler au populaire ministre qu'il est là pour arrêter la valse de ses ambitions.
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