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Magistrats et politiques divisés sur les excuses de Hollande

François Hollande a adressé ce vendredi une lettre d'excuses aux magistrats après les propos controversés qu'il a tenu dans son livre de confidences. Le chef de l'Etat y avait dénoncé la "lâcheté" de la profession.

Faute excusée, à moitié pardonnée. François Hollande a déclaré ce vendredi dans une lettre adressée aux magistrats regretter "profondément" ses déclarations. Le chef de l'Etat avait pointé du doigt la "lâcheté" de la profession dans le livre de confidences Un Président ne devrait pas dire ça. "Ils sont sans rapport avec la réalité de ma pensée, comme avec la ligne de conduite et l'action que je me suis fixé", a-t-il assuré alors que les magistrats avaient dénoncé une "humiliation". Un premier pas plutôt bien accueilli par les présidents et procureurs de France, qui ont salué son geste.

Une lettre qui divise

Le regret "profond" de François Hollande a satisfait certains représentants de la magistrature. Thomas Pizon, président de la Conférence des procureurs, a considéré cette "première démarche" comme étant "un début d'explication pour dire qu'il est conscient des blessures qu'il a pu créer mais surtout qu'il considère que notre action est tout à fait digne du plus grand respect".

"Les mots sont très forts", estime Sébastien Denaja, député de l'Hérault. Pour le proche du président de la République, le chef de l'Etat "redit sa confiance dans l'institution judiciaire, souligne et rend hommage au courage des magistrats".

Georges Fenech, ancien magistrat, estime quant à lui ces regrets "pitoyables", dignes d'un "aveu de culpabilité". Pour le député LR, "la rupture entre la justice et Hollande est définitivement consommée". La seule solution pour rétablir le contact serait la mise en place d'une "réforme constitutionnelle qui garantisse enfin l'indépendance de la justice", demande Clarisse Taron, présidente du Syndicat national de la magistrature.

"Depuis le début, nous n'avions pas besoin ni envie de nous mettre sur le terrain des sentiments et des ressentis", a-t-elle déclaré sur BFMTV.

Pour elle, les "petites phrases affligeantes" de François Hollande sont moindres face à la nécessité de "rompre le lien entre la justice et l'exécutif". 

Un simple "malentendu"

Sébastien Denaja a qualifié cette polémique de "malentendu". Pour le député, "chacun sait que la réalité de la pensée de François Hollande s'exprime par ses actes posés depuis 2014", ce qui prouve "sa profonde confiance en l'institution judiciaire".

"Ce qui compte en politique, ce sont les actes", juge-t-il.

"Ce malentendu est inutile et infondé parce que toute sa vie politique prouve son attachement" à la profession, estime Sébastien Denaja alors que François Hollande a déclaré que "la justice n'aime pas la politique". "Il est temps que nous passions à autre chose", a finalement conclu le vice-président du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain à l'Assemblée nationale.

Ju. B. avec AFP