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"Réécrire l'Histoire, c'est absurde": Ferrand ne veut pas débaptiser la salle Colbert de l'Assemblée

Une statue du ministre de Louis XIV, considéré comme à l'initiative du Code noir portant sur l'esclavage dans les colonies françaises, a été tagguée devant l'Assemblée.

Ferrand ne veut pas "réécrire l'Histoire". Après qu'une statue de Colbert a été tagguée devant le Palais-Bourbon ce mardi, le président de l'Assemblée nationale a affirmé sur BFMTV-RMC qu'il ne proposerait pas de rebaptiser la salle au nom du ministre de Louis XIV, considéré comme à l'initiative du Code noir qui a légiféré sur l'esclavage dans les colonies françaises.

"Réécrire l'Histoire, vouloir nier une partie de l'Histoire, de la complexité de l'œuvre des hommes, c'est absurde", a-t-il commenté. "Au fond, il faut peut-être mieux expliquer les ombres et les lumières de chaque personnnage de notre Histoire. Peut-être que là nous avons des efforts à faire pour éclairer les citoyens."

L'histoire coloniale française au cœur du débat

Dans le sillage des manifestations antiracistes dans le monde à la suite de la mort de l'Américain George Floyd, les monuments et statues liés à l'histoire coloniale française ou à la traite négrière se retrouvent à nouveau au centre d'une polémique mémorielle.

Mardi, la statue de Colbert qui se trouve au pied de l'Assemblée nationale a ainsi été recouverte de peinture rouge au torse et aux jambes, tandis que "Négrophobie d'Etat" a été inscrit avec le même matériau sur le socle, a rapporté Outremer-la 1ère.

Une vidéo postée sur Twitter par la "Brigade antinégrophobie" montre l'auteur du tag être interpellé par la police et se justifier: "Ce qui est interdit, c'est le racisme. Cet homme-là (Colbert, ndlr) fait l'apologie de la négrophobie."

"Quand on parle des statues, la dernière grande période où on a beaucoup déboulonné, c'était tout de même pendant l'Occupation, c'est-à-dire à un moment donné où on voulait nier l'Histoire, revisiter l'Histoire", a comparé Richard Ferrand sur BFMTV-RMC. "L'Histoire, il faut la prendre d'un bloc. Il faut sans doute mieux l'enseigner, mieux l'expliquer."

"Qui se souvient que Rimbaud était trafiquant d'armes?

Et l'élu LaREM de détailler sa vision des quatre statues installées "sous Napoléon Ier" devant l'Assemblée nationale.

"Il y a Michel de L'Hospital, le conciliateur, un homme de paix et de tolérance", a-t-il débuté. "Il y a Colbert, le grand batisseur, mais aussi celui auquel on prête la paternité du Code noir, ce qui est pure mensonge puisque le Code noir est sorti deux ans après sa mort et qu'il n'y a que contribué, mais peu importe, ça fait partie de sa vie, c'est incontestable".

"Il y a le grand législateur Henri-François d'Aguesseau, qui a préfiguré la Codification et il y a Maximilien de Sully, le grand réformateur", a-t-il conclu.

"Au fond, ce sont plus les fonctions qu'ils ont rempli comme hommes publics qui sont ainsi portées à la connaissance du public que l'ensemble de leur personnalité", a plaidé Richard Ferrand. "Qui se souvient que Rimbaud était trafiquant d'armes? On se souvient du poète, et c'est bien mieux."
Mathieu Dehlinger
Mathieu Dehlinger Rédacteur en chef adjoint BFMTV