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Politique

L'ascension du Front National est résistible

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On l'a peu souligné mais le Front National ne présentera finalement que peu de listes aux élections municipales. Un signe que l'ascension du parti de Marine Le Pen n'est pas irrésistible.

L'information est passée un peu inaperçue, mais le FN ne présentera de listes aux élections municipales que dans 500 communes.

Il ne faut pas rater l’occasion de dissiper le catastrophisme mêlé de fascination qui colore souvent les commentaires sur le FN. On a tellement entendu que le FN était en train de devenir le "premier parti de France" que certains ont dû finir par le croire.

C’était de l’intox ! Il y a trois mois, Marine Le Pen annonçait que le FN serait en lice dans au moins 700 villes (et son objectif était près de 1 000). A l’arrivée, c’est à peine 500 (sur 36 000 communes). Ça ne veut pas forcément dire que le FN est rejeté – on sait que ses idées le sont de moins en moins – mais ça prouve au moins que s’il se veut conquérant, le FN n’est pas très attirant.

On parle tout de même d'un parti qui est censé représenter à peu près 20% des électeurs... Qu'est-ce qui explique cette désaffection ?

Le FN a l’air d’un parti de masse mais il n’en est pas tout à fait un. Il ne manque ni d’électeurs ni de militants mais ce sont les cadres qui lui font défaut.

Quoi qu’en dise Marine Le Pen, le FN reste un parti protestataire – il a vocation à exprimer des colères plus qu’à obtenir des élus. Or pour former des listes, il faut des citoyens qui aient envie de porter ces couleurs, de défendre ces idées.

Même si le vote Le Pen est largement décomplexé, ce n’est pas si simple. Sans compter que le nouveau FN veut des candidats locaux, jeunes et qu’il est obligé d’écarter les excités et les racistes qui ont tendance à vouloir s’enrôler sous la bannière Le Pen – on se demande pourquoi. Sans parachutistes ni parachutés, le casting relève du casse-tête.

Est-ce que ça signifie nécessairement que le FN ne va pas réussir une performance aux municipales ? Après tout, il pourrait avoir moins de listes mais gagner plus de villes...

Les perspectives de Marine Le Pen sont plus modestes. Il y a au moins 70 villes où ses candidats ont recueilli 40% ou plus aux législatives de 2012.

Mais dans ses calculs les plus ambitieux, elle espère en remporter 10 (essentiellement dans le Nord et dans le Midi). Et encore, la ville de Hénin-Beaumont figure en haut de cette liste et un sondage montre cette semaine que le FN y serait battu par la gauche – une mauvaise nouvelle de plus pour Marine Le Pen. On n’en est pas là du tout mais si cette tendance se confirme d’ici mars, le rassemblement bleu marine pourrait tourner au bleu pâle… ou faire carrément grise mine.

Le FN a déjà gouverné des villes par le passé. Quel bilan peut-on garder de sa gestion municipale ?

Déplorable. A Toulon, Vitrolles, Marignane – des villes importantes où le FN a battu la droite et la gauche – ses maires ont laissé les caisses vides, creusé les dettes, géré sans la moindre vision et en général, ça s’est même terminé par des scandales et des procès. Il y a une exception à Orange, mais Jacques Bompard a été d’autant plus facilement réélu qu’il a quitté le FN.

Les autres ont tous été battus et ils n’ont pas laissé de très bons souvenirs. C’est un bilan qui a de quoi rendre les citoyens bileux.

Hervé Gattegno