La formation, "une des clefs" d'un islam indépendant selon Valls

Manuel Valls s'est rendu à la mosquée de Strasbourg mardi. - Patrick Hertzog -AFP
Manuel Valls a effectué mardi matin un déplacement à Strasbourg consacré à l'islam de France, alors que le gouvernement vient de lancer une réforme de la représentation des musulmans et de la formation des imams en France.
Après avoir visité la mosquée de Strasbourg, il a rencontré à l'université les étudiants et les enseignants du diplôme "Droit, société et pluralité des religions". Ce cursus créé en 2011 vise à former les personnels religieux, dont les imams, ainsi que des responsables de la politique de la ville, à la "place des religions dans l'État laïc".
Manuel Valls y a annoncé son intention de porter à 12, contre 6 actuellement, le nombre des établissements dispensant des formations à la laïcité.
"La formation est une des clefs sinon peut-être la clef d'un islam qui se construit en France en toute indépendance", estime Manuel Valls. Le Premier ministre a toutefois prévenu "qu'il n'y aura pas de loi, pas de tutelle". "Jamais l'Etat ne pendra contrôle d'une religion", a-t-il martelé.
Prolongeant des propos tenus au Sénat mi-février, Manuel Valls a dit vouloir "traiter la question des financements" de la construction de mosquées en France.
"Je souhaite, et nous souhaitons, que des solutions existent en France lorsque des responsables cultuels cherchent un soutien et des moyens pour construire un lieu de culte ou un centre culturel. Je souhaite que ce réflexe consistant à demander le soutien d'Etats étrangers se perde", a dit Manuel Valls.
Une nouvelle "instance de dialogue" d'ici l'été
"La montée des populismes, de l'extrême droite en Europe et dans notre pays s'alimente bien-sûr aussi de la montée du jhadisme, du terrorisme et de l'islamisme radical. Au fond ces deux extrémismes se nourrissent l'un l'autre et représentent un danger majeur pour notre démocratie", a également déclaré le Premier ministre
Le CFCM très critiqué
Manuel Valls était accompagné de sa ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, et de son ministre de l'Intérieur et des Cultes, Bernard Cazeneuve, chargé du nouveau plan du gouvernement concernant l'islam en France. L'exécutif a lancé la semaine dernière une réforme de l'islam de France autour d'une "instance de dialogue" censée mieux représenter les musulmans dans leur diversité, dans le sillage des attentats jihadistes de janvier.
La réflexion vise également à mieux "insérer" les imams étrangers dans la société française et la République. La nouvelle instance doit être mise en place "d'ici l'été" et se réunira "deux fois par an autour du Premier ministre", à l'instar de ce qui existe pour les catholiques.
L'idée est de donner aux pouvoirs publics des interlocuteurs plus divers que le Conseil français du culte musulman (CFCM), créé en 2003 et largement critiqué pour son manque de représentativité d'une communauté musulmane forte de 4 à 5 millions de personnes. Même si le CFCM ne cessera pas d'exister.
La nouvelle instance devra se saisir de questions telles que la formation civile des imams, l'abattage rituel ou la sécurité des lieux de culte par exemple, avait expliqué Bernard Cazeneuve.