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Gouvernement

Cazeneuve appelle les géants du web à redoubler d'efforts contre le jihadisme

Bernard Cazeneuve entouré de responsables de Google, dans les locaux de la firme, à Mountain View, en Californie, le 20 février.

Bernard Cazeneuve entouré de responsables de Google, dans les locaux de la firme, à Mountain View, en Californie, le 20 février. - Bertrand Guay - AFP

Le ministre de l'Intérieur était à San Francisco, vendredi, pour rencontrer les géants de l'Internet que sont Google, Facebook, Twitter et Apple, afin de discuter du renforcement de la lutte contre la propagande jihadiste en ligne.

Le ministre français de l'Intérieur a salué vendredi, auprès des grands opérateurs de l'Internet, "l'effort particulier" qu'ils ont entrepris dans la lutte contre la propagande jihadiste mais les a appelés à redoubler d'efforts pour bloquer les messages extrémistes.

"Responsabilité partagée"

Au lendemain du sommet international contre la violence extrémiste à Washington, Bernard Cazeneuve s'est déplacé dans la Silicon Valley pour rencontrer des responsables de Google, Facebook, Apple et Twitter et les exhorter à une "responsabilité partagée" contre les tentatives d'"endoctrinement sectaire".

Tirant le bilan de ces conversations "approfondies et riches" avec des "acteurs responsables", Bernard Cazeneuve a rendu hommage à leur plus grande "rapidité" quand un message à caractère terroriste leur était signalé, témoignant "du fort engagement des opérateurs".

Le gouvernement français a constaté, depuis l'attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo, le 7 janvier, "un effort particulier des grands majors qui retirent plus rapidement et plus efficacement qu'auparavant les contenus" qui posent problème, a déclaré le ministre devant la presse de San Francisco. Il a parlé de quarts d'heure pour réagir au lieu de mois précédemment.

Appel à poursuivre les efforts

Mais conscients de part et d'autre de la nécessité de poursuivre les efforts et d'"intensifier les relations", Bernard Cazeneuve a invité les représentants des quatre géants de l'Internet à une réunion à Paris au mois d'avril pour "faire le point des engagements que nous avons pris aujourd'hui, leur adresser des demandes encore plus précises et arrêter un code de bonne conduite".

Le ministre a plaidé en faveur du retrait rapide de la toile des contenus à caractère terroriste, mais aussi du développement d'un "contre-discours" et de la collaboration des opérateurs dans les enquêtes judiciaires. "Ils sont convenus du fait qu'ils seraient plus efficaces encore dans la fonction d'autorégulation qui est la leur si nous les alertions, ils ont exprimé la demande que nous le fassions, j'ai pris l'engagement que nous le ferons", a expliqué le ministre, soulignant que "la responsabilité était partagée".

Nécessité de "réponses rapides"

Les vidéos des exécutions par décapitation et par le feu perpétrées récemment par l'organisation Etat islamique ont largement circulé sur Internet. Plus généralement, les appels à rejoindre le jihad ou les méthodes du parfait "loup solitaire" se propagent dans les médias sociaux ou sur YouTube. "Il y a des millions de tweets échangés sur Twitter, il y a des millions d'images diffusées sur YouTube, on ne va pas demander aux sociétés de mettre en place des équipes pléthoriques (pour contrôler le contenu), chacun joue son rôle", a ajouté le ministre.

Mais "lorsque des enquêtes sont en cours destinées à éviter la commission de nouveaux actes terroristes, il est important que la coopération soit efficace et que les réponses soient rapides", a plaidé Bernard Cazeneuve.

Le responsable français a en outre "beaucoup insisté sur l'intérêt que représente Internet pour développer le contre-discours, c'est-à-dire des messages qui viennent contrarier ces messages d'endoctrinement sectaire des groupes terroristes et qui permettent de protéger nos ressortissants les plus vulnérables, notamment les jeunes."

"Pas de place pour les terroristes sur Facebook"

"Il est clair qu'il n'y a pas de place pour les terroristes sur Facebook", a déclaré le média social, après sa rencontre avec Bernard Cazeneuve. "Nous travaillons à ce que qu'aucun terroriste ou organisation terroriste n'utilise le site et nous enlevons tout contenu qui appelle ou soutienne le terrorisme", a souligné un porte-parole.

Le ministre a ajouté qu'il avait rencontré des acteurs "désireux de nous accompagner dans la lutte contre le terrorisme dans le respect des libertés". Bernard Cazeneuve a lui-même estimé que "la lutte contre le terrorisme ne peut pas se faire au détriment des grandes libertés".

Interrogé sur la proportion des radicalisations se faisant sur internet, il l'a estimée entre 85 et 90%. "Il n'y en aurait que 5% que cela mériterait un déplacement", a-t-il ajouté. Internet "n'est pas la seule cause mais c'est un catalyseur qui joue son rôle", a-t-il argué, citant aussi la radicalisation dans les prisons, à l'école ou dans les mosquées. "On ne néglige aucune cause, on n'ignore aucun motif, on est dans une approche globale (...) qui consiste à prendre toutes les précautions, en ne laissant rien au hasard".

A.S. avec AFP