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Guerre en Ukraine: Yannick Jadot accuse Jean-Luc Mélenchon de "s'aligner sur Donald Trump"

Yannick Jadot à Paris le 12 juin 2024

Yannick Jadot à Paris le 12 juin 2024 - JULIEN DE ROSA / AFP

L'écologiste ne digère pas que l'insoumis s'inquiète de l'autorisation pour les Ukrainiens de frapper la Russie avec des missiles à longue portée américains. Si Jean-Luc Mélenchon craint une escalade entre Kiev et Moscou, Yannick Jadot l'accuse de "remettre en cause l'avenir de l'Europe".

Des propos qui ne passent dans une partie du camp écologiste. Dans une longue note de blog le 21 novembre, Jean-Luc Mélenchon a regretté "l'escalade vers la guerre nucléaire" de Joe Biden qui a accordé l'autorisation à l'Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles américains de longue portée. De quoi agacer le sénateur écologiste Yannick Jadot.

"Je trouve ça dramatique qu'après tant de mois de souffrances du peuple ukrainien, on en revienne au fait que cette agression russe soit de la responsabilité des Américains", regrette l'ex-candidat à la présidentielle ce vendredi sur France 2.

Avant d'ajouter: "finalement, Jean-Luc Mélenchon sur ce dossier-là, s'aligne sur Donald Trump plutôt que sur celles et ceux qui défendent la démocratie en Ukraine et en Europe.

La crainte d'une "catastrophe générale"

Le fondateur de La France insoumise, qui ne met pas les Américains en cause dans l'origine du conflit, s'inquiète plutôt d'éventuelles réactions en chaîne qui peuvent "déboucher sur des catastrophes générales".

Autoriser Kiev à frapper le territoire russe avec des missiles américains longues portées était une demande de longue date de Volodymir Zelensk qui a finalement obtenu donc le feu vert de Joe Biden, encore président jusqu'au 20 janvier, jour de l'investiture de Donald Trump.

Le dirigeant américain refusait jusqu’à présent d’accéder cette demande par crainte d’escalade du conflit, mais selon des responsables américains, le déploiement de 10.000 soldats nord-coréens dans la région de Koursk, l'un des territoires occupés par la Russie, a été la goutte de trop, le poussant à donner son feu vert.

Avant de quitter la Maison-Blanche, Joe Biden semble bien décidé à donner plus de moyens à l'Ukraine.

Riposte de Poutine

La Russie a de son côté riposté en utilisant un nouveau type de missile baptisé Orechnik à la portée intercontinentale. Concrètement, comme son nom l'indique, une arme de ce type peut frapper un continent depuis un autre avec au moins une portée de 5.500 kilomètres.

Un missile de ce type pourrait largement frapper un pays de l'Union européenne voire les États-Unis même s'il devrait a priori être intercepté bien avant. De quoi ouvrir la porte à un conflit qui dépasserait de très loin les frontières russo-ukrainiennes.

Une attaque délibérée contre un pays membre de l'OTAN pourrait déboucher sur une entrée de plusieurs pays dans le conflit entre Moscou et Kiev. Le tir russe a par conséquent suscité de vives protestations des chancelleries occidentales, dans un dangereux contexte d'escalade autour de la guerre en Ukraine.

"Faiblir face à l'agression russe, c'est remettre en cause l'avenir de l'Europe"

Le Kremlin, qui a agité le chiffon rouge nucléaire à de multiples reprises depuis le début du conflit en février 2022, a estimé mardi que l'élargissement des possibilités de recours à la bombe atomique était "nécessaire", face à ce que Vladimir Poutine considère comme des "menaces" de l'Occident.

"Les beaux esprits pensent que l'abaissement du niveau d’intervention nucléaire décidé par Poutine est un coup de bluff. Je crois qu’ils ne prennent pas la mesure du moment", écrit encore Jean-Luc Mélenchon sur son blog, s'inquiétant d'une "décision criminelle" de Joe Biden. Sans guère convaincre Yannick Jadot.

"Faiblir face à l'agression russe, ce n'est simplement remettre en cause les frontières mais la démocratie et l'avenir de l'Europe", tance encore le sénateur écologiste.

Yannick Jadot a également l'appeler l'Union européenne à ne plus importer de gaz russe. Au second trimestre, l'UE a importé plus de gaz de Moscou que de gaz américain, d'après le think tank Bruegel.

Marie-Pierre Bourgeois