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Élysée

Intégration dans l'UE: "La Turquie interroge les Français sur l'identité européenne"

La Turquie peut-elle rejoindre l'Union européenne en 2020?

La Turquie peut-elle rejoindre l'Union européenne en 2020? - -

En Turquie, François Hollande a assuré que les Français seraient consultés sur l'adhésion ou non de la Turquie à l'UE. De quoi rassurer l'opinion sur une question épineuse?

En visite d'Etat en Turquie, François Hollande s'est réaffirmé dans la lignée de la position défendue par Jacques Chirac en 2004. Favorable à l'étude au niveau européen d'une possible adhésion de la Turquie à l'Union européenne mais si "cette hypothèse" devait devenir réalité à l'horizon 2020, "cette question sera soumise au référendum. Le peuple français aura le dernier mot", a assuré le chef de l'Etat depuis Ankara.

Jean-Daniel Lévy, directeur du Département Politique et Opinion d'Harris Interactive, décrypte la position de l'opinion française sur la question turque.

Cette annonce de François Hollande a l'avantage de ne froisser ni la Turquie - puisque la porte n'est pas fermée - ni les Français - qui seront consultés -, sera-t-elle perçue de cette façon?

Clairement en France, l'idée de voir la Turquie rejoindre l'Union européenne est un sujet de crispations fortes. De manière générale, la question de l’ouverture ou non de l'UE pose problème car en fond se joue l'idée du dynamisme économique ou de l'amoindrissement social. C'est du moins ce qui ressort des enquêtes réalisées auprès des Français. Et la question de la Turquie est également délicate car la question de la place de l'islam en France et en Europe interroge les Français sur la nature de l'identité européenne face à un régime islamique-laïc.

Il faut voir aussi la façon dont la sphère politique - et notamment l'opposition - va ou non s'emparer d'un sujet qui fait écho dans leur électorat.

Il semble que lorsqu'il s'agit des pays de l'Est, le débat soit moins virulent...

Ce débat a existé en 2004 quand dix nouveaux pays ont intégré l'Union européenne et désormais, il n'y en pas plus. Donc il n'y a plus de débat ou beaucoup moins.

Cette question du referendum est dans une loi de 2008, et si elle peut être outrepassée par un vote aux trois-cinquièmes du Congrès, elle semble une solution de synthèse...

Possible que cela soit vu comme ça mais la vraie question est de savoir si les Français accorderont de la crédibilité à cette annonce du président de la République. Sont-ils convaincus que le référendum aura bien lieu? De plus, nombreux sont ceux dans les enquêtes menées qui restent échaudés par celui de 2005 sur le traité européen qui malgré la victoire du "non" a été peu ou prou appliqué à l'identique.

Si la question était posée, quel pourrait en être le résultat?

L'échéance 2020 est loin mais l'enjeu majeur reste celui du projet de construction européenne proposé.

Propos recueillis par Samuel Auffray