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Élysée

Dans le Lot, Macron va commencer sa prise de température de la France post-Covid

Le président Emmanuel Macron à Nevers, dans la Nièvre, le 21 mai 2021

Le président Emmanuel Macron à Nevers, dans la Nièvre, le 21 mai 2021 - AFP / Thibault Camus

Le chef de l'État entame ce mercredi un tour du pays afin de renouer un dialogue direct avec des Français durement éprouvés par la crise épidémique. Une dizaine de déplacements est prévue en juin et juillet.

À l'aube de l'été, Emmanuel Macron entend faire d'une pierre trois coups. Profiter de la réouverture du pays pour prendre son "pouls" après plus d'un an de crise sanitaire, tracer des perspectives pour sa fin de quinquennat... et démarrer par là même sa campagne présidentielle de 2022. Le chef de l'État entame son périple ce mercredi dans le Lot, en passant par les villages touristiques de Saint-Cirq-Lapopie et de Martel, puis à Cahors.

Il doit arriver en fin d'après-midi et passer deux jours dans un département qu'il affectionne. Pendant son séjour, il compte évoquer les difficultés du secteur touristique, très touché par la pandémie, mais aussi écouter les doléances des Français, à trois semaines d'élections régionales et départementales qui mobilisent peu.

Immersion

Grâce à ce tour de France, Emmanuel Macron veut renouer un dialogue direct avec la population. Les 14 mois de la pandémie de Covid-19 l'ont obligé à limiter ses déplacements et ses interactions sociales au strict minimum.

"Dès le début du mois de juin, grâce au retour à une vie aussi normale que possible, je veux reprendre mon bâton de pèlerin et aller dans les territoires pour prendre le pouls du pays, aller au contact", avait-il annoncé à la presse régionale le 29 avril.

Il devrait ainsi effectuer en juin-juillet une dizaine de déplacements, ouverts à tous les sujets, parfois en "immersion" pendant plusieurs jours. Il prendra le temps d'écouter plutôt que de s'exprimer, selon son entourage.

Réformes

Cette tournée s'inscrit dans la lignée de la "Grande Marche" de son mouvement en 2017, de son "itinérance" dans l'Est et le Nord en 2018 et du "grand débat" qui avait suivi l'épisode des gilets jaunes en 2019. C'est à l'issue de l'exercice, dans la première quinzaine de juillet, que le président de la République pourrait s'exprimer sur le cap qu'il compte fixer pour les dix derniers mois de son mandat, selon ses proches.

Parmi les sujets qui restent à trancher figurent notamment le lancement de réformes à long terme, comme celle des retraites et de la dépendance, ainsi que la création d'une garantie jeune universelle pour aider les 18-25 ans.

Il commencera par rencontrer des habitants de Saint-Cirq-Lapopie ce mercredi soir, puis de Martel jeudi matin dans la salle des fêtes, avant un déjeuner sur place. Il terminera par la préfecture de Cahors, où il rencontrera les élus du Lot.

"Comprendre ce qui est accepté"

Ce département, en particulier Saint-Cirq-Lapopie, l'un des plus beaux villages de France, surplombant le Lot, représente aux yeux d'Emmanuel Macron l'exemple d'une "ruralité heureuse" mêlant reconquête industrielle, tourisme et racines historiques. C'est du moins ainsi qu'il en a parlé à la revue Zadig. Il y citait le poète André Breton, qui s'y était installé et disait, "j'ai cessé de me désirer ailleurs".

Le Lot, où il s'était rendu durant le grand débat, rencontrant 600 maires à Souillac en janvier 2019, est aussi pour le président l'un de ces lieux "qui permettent de comprendre ce qui est accepté en France et ce qui ne l'est pas", "où l'on peut prendre le pouls des choses". Il s'agit donc aussi d'un test pour ses envies de réformes, qui divisent son entourage entre partisans du mouvement et de "l'apaisement".

Dans cette dernière ligne droite, après s'être adressé aux jeunes en invitant les youtubeurs McFly et Carlito à l'Elysée, tout en rassurant les intellectuels à travers son interview-fleuve dans Zadig, Emmanuel Macron va tenter de rompre avec l'image "jupitérienne" qu'il s'est forgée - parfois à son corps défendant - au début du mandat. Substituer la proximité au surplomb qui lui a été reproché de multiples fois.

Risque RN en Occitanie

Fin connaisseur de la carte électorale, le président ne pourra éviter, en particulier avec les élus, d'aborder la question des élections régionales des 20 et 27 juin, dans une région où le Rassemblement national a progressé ces dernières années.

Selon un sondage Ifop réalisé pour La Tribune et Europe 1, la liste RN de Jean-Paul Garraud est donnée favorite au premier tour en Occitanie avec 30% des voix. L'ex-Les Républicains arriverait donc devant la présidente sortante socialiste, Carole Delga, créditée de 26% des suffrages. Elle est suivie de la liste LR d'Aurélien Pradié (14%) et de celle du candidat marcheur Vincent Terrail-Novès avec 13%.

Carole Delga pourrait néanmoins l'emporter au second tour grâce à une fusion avec les Verts menés par Antoine Maurice (crédité de 10%). Un retrait des listes de Vincent Terrail-Novès, en plus de conforter cette victoire de la gauche face au RN, permettrait à La République en marche de compenser sa stratégie en Provence-Alpes-Côte d'Azur, où les macronistes ont fait alliance avec le sortant LR Renaud Muselier.

Jules Pecnard avec AFP Journaliste BFMTV