Législatives: après 24 années en prison, le "dépeceur de Montauban" est candidat dans le Vaucluse

Germain Gaiffe dans une vidéo postée sur son compte YouTube en décembre 2021 - Capture d'écran YouTube
Germain Gaiffe, 55 ans dont 24 passés derrière les barreaux pour un meurtre sordide commis en 1997, est candidat pour devenir le futur député de la 2ème circonscription du Vaucluse lors des élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Il affrontera notamment Stanislas Rigault, porte-parole du parti Reconquête, suppléé par Marion Maréchal.
"Les gens ont le droit de m’en vouloir. Ils ont le droit de ne pas comprendre. Mais personne d’autre que moi n’est plus légitime à être le représentant du peuple car moi, j’ai pris 30 ans au nom du peuple. Donc, aujourd’hui, quand on m’incrimine, je m’en fous et en fait, ce casier judiciaire me permet justement d’être libre de dénoncer le système. Si j’arrive à l’Assemblée je vais montrer ce qu’il se passe vraiment et ça dérange", assure-t-il auprès de nos confrères de La Provence.
Le "dépeceur de Montauban"
Sa peine prise en 2003 "au nom du peuple", il la doit au meurtre en 1997 d'André Dursus. En conflit avec ce dernier, le père de Germain Gaiffe, Louis, avait demandé à son fils ainsi qu'à un certain Bernard Castelli d'aller demander des comptes à la victime. Finalement, les jambes d'André Dursus seront retrouvées en janvier 1998 dans la Garonne, et son tronc un an plus tard dans la rivière Tarn. Un meurtre qui vaudra à Germain Gaiffe le surnom de "dépeceur de Montauban".
En prison, loin de rester discret, le "dépeceur" continue à faire parler de lui. En 2009, avec son codétenu Aldredo Stranieri, un tueur en série italien naturalisé français, ils réalisent de manière officielle une déclaration de paternité auprès de la mairie du XVIe arrondissement de Paris. Ils assurent qu'ils sont les pères de Zohra, la fille de Rachida Dati, à l'époque garde des Sceaux.
Les deux meurtriers assurent avoir partagé un "moment d'intimité" avec la maire du VIIe arrondissement lors de sa venue dans leur établissement pénitentiaire, la maison centrale de Poissy. Une provocation que n'avait que très peu goûté à l'époque Rachida Dati, qui avait fait condamner les deux détenus à quatre mois de prison pour outrage.
Mariage en prison en présence de Dieudonné
L'initiative aura en tout cas rapproché les deux détenus, qui décident de se marier en 2013 lors du premier mariage entre personnes du même sexe en prison, comme l'indique Midi Libre. Les deux amoureux avaient choisi pour témoins le polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala, condamné pour injure publique à caractère antisémite, et le terroriste Carlos. En amont de la cérémonie, Dieudonné s'était affiché en robe de mariée devant la maison centrale de Poissy réalisant son geste antisémite de la "quenelle".
En 2013, l'Agence France-Presse, relayée ici par Libération, indiquait qu'il était peu probable que l'union soit un mariage d'amour, mais plutôt une provocation organisée par Dieudonné. En mars 2013, le polémiste avait déclaré que le mariage entre personnes du même sexe était un "projet sioniste qui vise à diviser les gens".
"Je serai le premier à être destitué de mon mandat"
L'époux de Germain Gaiffe, Alfredo Stranieri, a lui tué quatre personnes, et s'est également vu affublé d'un surnom lié à ses crimes, "le tueur aux petites annonces", en référence à sa méthode pour rencontrer ses victimes. Il avait tué deux couples, à Vitry-Chatillon en 1997 et dans l'Aveyron en 1999.
Sorti de prison en 2021, Germain Gaiffe est depuis agent de nettoyage dans le Vaucluse, poste dont il s'est mis en disponibilité pour sa campagne électorale. Très actif sur Twitter et Youtube, il publie fréquemment des vidéos, comme pour présenter sa chienne Blondi, "parce que Blondi c'est le nom du chien de Hitler".
Sa candidature est soutenue par le Conseil national de libération, Peuple souverain et le Parti des Quidams. Et car on n'est jamais à une provocation de trop, Germain Gaiffe entend, s'il est élu, "empêcher tout candidat ayant un casier judiciaire de se présenter à une élection". "Et, je serai le premier à être destitué de mon mandat", souligne-t-il justement auprès de La Provence.