Compte en Suisse : revoilà Jérôme Cahuzac

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -
Il aurait pu ne pas bouger, comme il l’a fait jusque-là, patienter encore quelques jours, laisser passer les fêtes de fin d’année, en espérant que tout le monde finisse bien par oublier. Mais ce n’est pas le tempérament de Jérôme Cahuzac, qui n’a pas envie de débuter l’année 2013 avec le boulet de la rumeur encore attaché au pied. Son équipe lui avait conseillé d’attendre une dizaine de jours que le site Médiapart apporte des preuves. Mais rien ne s’est produit. Les communicants du ministre ont donc choisi cette fenêtre de tir, juste avant Noël, pour tenter d’en finir une bonne fois pour toutes avec ce qu’il estime être une calomnie. Le ministre du Budget a donc demandé à son avocat Gilles Auguste d’entamer une démarche auprès de l’Union des Banques Suisses (UBS), afin que cet établissement certifie qu’il n’y a jamais détenu de compte.
Et ça a marché ? UBS a démenti ?
Et bien non, pas de chance. UBS a répondu que leur règlement interne lui interdisait par principe de publier des confirmations négatives de cet ordre. C’est le secret bancaire, bien gardé, c’est la marque Suisse. Du coup, Jérôme Cahuzac a publié sur son blog mercredi matin les échanges de mails entre ses avocats et la banque. Pour faire la démonstration de sa bonne foi, montrer qu’il était prêt à affronter l’épreuve de vérité, au lieu de rester muré dans un silence coupable.
Reste le problème de l’échange téléphonique...
Médiapart a produit un enregistrement à peine audible, dans lequel une voix dit : « Moi ce qui m’embête, c’est que j’ai un compte ouvert à l’UBS, mais il n’y a plus rien là bas, non ? ». Le ministre a confié mercredi à des journalistes : « ce n’est pas moi, si Médiapart avait une expertise concernant ma voix, vous ne pensez pas qu’il l’aurait sortie » ? Remarque inutile, du point de vue de l’entourage du ministre, voire déplacée, dans la mesure où il n’y a pas d’enquête en cours. Le ministre délégué au Budget a précisé que « sur les 3 mn 40 d’enregistrement, il y a quatre ou cinq secondes où, effectivement, ça peut être moi, mais il se trouve que ce n’est pas moi ». Réflexion embrouillée, qui non seulement ne prouve rien, mais ne fait qu’ajouter au trouble. Cette mise au point est d’autant plus inutile que le site Médiapart n’est pas outillé pour effectuer ce type d’expertise vocale. Jérôme Cahuzac est même allé jusqu’à citer son propre frère auquel il aurait soumis cet enregistrement et qui aurait estimé que ce ne pouvait pas être lui parce qu’il ne bute jamais sur les mots. Rien de tel pour aggraver la suspicion…
Et le Parisien-Aujourd’hui en France publie ce matin un article sur les activités de Jérôme Cahuzac auprès des labos pharmaceutiques...
Le chirurgien Cahuzac Jérôme a même monté une société de conseil, qu’il aurait mise en sommeil quand il est devenu député en 1997, explique une collaboratrice, citée par notre confrère. Vous le voyez, la machine ne s’arrêtera pas, cela fait trois semaines que le ministre vit sous la pression et veut en finir, même si Médiapart, après une première salve d’accusations, n’a pas été en mesure de prouver ses dires, et n’a pas été relayé dans la presse, dans les médias en général. Ce qui n’a pas asséché le soupçon dont le ministre veut se débarrasser. La stratégie du silence ne paye pas. Le ministre du budget, dont les talents sont salués, y compris sur les bancs de l’opposition, ne veut pas voir ses ambitions abimées, pour ne pas dire ruinées, par des accusations qui pourtant ne reposent pour l’instant sur rien de tangible.
Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce jeudi 20 décembre.