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Pour Mélenchon, le traitement des signalements de violences sexuelles à LFI "n’est pas encore satisfaisant"

Jean-Luc Melenchon à Toulouse, le 14 juin 2022

Jean-Luc Melenchon à Toulouse, le 14 juin 2022 - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP

Le leader du parti de gauche estime que les accusés doivent également avoir le droit au contradictoire lorsqu'ils sont mis en cause.

Jean-Luc Mélenchon fait face à "une contradiction." Dans une longue interview accordée jeudi à Libération, le leader de la France insoumise est revenu sur le fonctionnement du Comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) mis en place par son parti, qui selon lui est encore "à la recherche de son point d'équilibre."

"On pensait avoir trouvé la solution en mettant en place ce comité. Mais dans la pratique, on voit bien que ce n’est pas encore satisfaisant. Décider de croire la parole des femmes est un choix arbitraire mais nous l’assumons. Mais ça ne peut suffire", déclare-t-il.

"Nous devons maintenant réfléchir de nouveau"

Afin d'illustrer son propos, le troisième homme de la dernière présidentielle est revenu sur le cas Taha Bouhafs, ce journaliste investi comme candidat Nupes dans le Rhône accusé de violences sexuelles par plusieurs femmes qui ont saisi ce comité interne. Le jeune homme a alors vu son investiture suspendue par le parti. A ce sujet, Jean-Luc Mélenchon estime que d'importants ajustements sont à revoir.

"Les accusations ont conduit à retirer son investiture. Mais de surcroît, cela conduit à une mort sociale alors qu’il n’a pas pu se défendre et ne sait pas de quoi il est accusé. En conscience, qui peut lui refuser? Nous devons maintenant réfléchir de nouveau", explique-t-il, assurant que Taha Bouhafs devait avoir "le droit au contradictoire."

Cependant, l'ancien député des Bouches-du-Rhône insiste, il ignore encore "ce qu'il faudrait faire pour que ça soit bien."

"On ne peut se laver les mains d’aucun aspect du résultat humain que ça donne. On doit pouvoir dire à la personne qui s’est plainte «je te crois» et prendre les mesures nécessaires. Et tenir compte, à l’autre bout, d’un jeune homme de 25 ans qui demande de pouvoir présenter sa défense quand il est condamné à vie à l’infamie", insiste-t-il.

Pour la première fois depuis de longues semaines, Taha Bouhafs est sorti de son silence dans une lettre ouverte publiée sur Twitter, dans laquelle il affirme "ignorer ce dont on (l)'accuse." Ce mercredi, ses avocats ont dénoncé une procédure "hors du droit", menée par le Comité de suivi des violences sexuelles et sexistes de La France insoumise, qui l'empêche selon eux de répondre aux accusations qui le visent.

Au cours de ce même entretien, Jean-Luc Mélenchon est également revenu sur le cas d'Éric Coquerel, lui-même accusé de gestes déplacés et de harcèlement. "Eric Coquerel n’est coupable de rien du tout. Il fait l’objet d’une rumeur et d’une opération politique. D’ailleurs les premières enquêtes journalistiques l’ont innocenté", martèle-t-il.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV