Abus sexuels sur mineurs: pour Autain, la loi française ne va pas assez loin

Clémentine Autain sur BFMTV vendredi 8 mars 2019 - BFMTV
"C'est une très très belle décision, je crois qu'elle est historique." Invitée d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV ce vendredi, Clémentine Autain ne cache pas sa satisfaction après la condamnation à six mois de prison avec sursis du cardinal Barbarin, reconnu coupable de ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d'un prêtre.
"Il se trouve que c'est l'église catholique, mais au fond il y a bien d'autres d'institutions dans notre pays qui ont du mal à regarder cette réalité et qui protègent les agresseurs, les violeurs", avertit toutefois la députée France insoumise de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis.
"L'aboutissement d'un combat"
Avant de saluer "l'aboutissement d'un combat, celui d'hommes qui ont été victimes, jeunes, qui ont réussi à parler, qui ont réussi à être solidaires, à affronter le regard des autres" jusqu'à retrouver ceux qui pouvaient être traduits en justice, "car beaucoup de faits étaient prescrits par la loi".
Au-delà de la décision de justice, qui s'accompagnera de la démission du Mgr Barbarin auprès du pape, notre invitée souhaite également "rendre hommage au travail de François Ozon, réalisateur du film Grâce à dieu".
"Je pense que c'est un film qui aide à comprendre ceux que ces violences sexuelles détruisent, et la façon dont les institutions protègent leurs auteurs", loue l'élue.
L'enjeu de la prescription
Si la condamnation du cardinal Barbarin revêt un caractère exceptionnel, beaucoup s'inquiètent que des prêtres accusés d'abus sexuels ne soient eux jamais jugés pour les faits qui leurs sont reprochés. "C'est l'enjeu de la prescription", commente Clémentine Autain, "nous avons eu un débat sur ce thème à l'Assemblée nationale dans une loi qui était une loi particulièrement lamentable, je n'ai pas d'autres mots, puisque le gouvernement avait décidé que les violences faites aux femmes, et donc aux enfants, étaient une grande cause". Problème, juge la députée:
"On s'est retrouvés avec une toute petite souris, une loi avec quatre misérables articles."
La France peut aller plus loin pour défendre les enfants
Parmi ces articles, l'un d'eux a permis de rallonger de 10 ans les violences commises sur des mineurs. "Le seul point réellement positif", juge la figure féministe, qui déplore que "pour les moins de 13 ans, on n'est pas allés au bout de ce qu'on aurait dû faire".
"Il y a encore des viols sur des mineurs de 13 ans qui ne sont pas prescrits pour lesquels il y a des non-lieux", poursuit-elle, "je crois qu'il y a encore du chemin à faire sur le plan juridique pour protéger les enfants des violences sexuelles".